Sans données, former les médecins aux drogues sécuritaires est un défi en C.-B.
Radio-Canada
Les appels à étendre les programmes-pilotes de distribution de drogues sécuritaires en Colombie-Britannique sont récurrents. Or, la question de la formation des médecins se pose. Des lignes directrices existent, mais il n’y a aucune formation spécifique, car les données manquent.
Il n’y aura jamais assez de médecins pour prescrire des drogues sécuritaires à tous les consommateurs, estime Ryan Herriot, un médecin spécialisé dans les dépendances. Il y a un an, il a joint l’équipe de SAFER, un projet-pilote qui prescrit des drogues sécuritaires à une centaine de personnes à Victoria.
Le Dr Herriot prodigue des soins primaires et prescrit des drogues sécuritaires à une trentaine de patients aux parcours chaotiques. Il est fier de cette pratique, qui lui permet de voir des résultats tangibles. « Souvent, les gens que nous rencontrons le premier jour ne sont pas les mêmes [six mois plus tard]. »
Dans son dernier rapport (Nouvelle fenêtre), en anglais, le service de la coroner en chef de la Colombie-Britannique recommande d'investir dans des formations pour les professionnels de santé d’ici mars 2023 afin d’endiguer la crise des surdoses.
Pour l’heure, nous n'avons pas de meilleures pratiques, nous n'avons pas de données pour éclairer nos pratiques, explique Paxton Bach, directeur médical du Centre de consommation des substances de la Colombie-Britannique. Les débats sont intenses, précise-t-il.
Ce spécialiste des dépendances explique que le manque de données rend le traitement des patients vraiment difficile et que la majorité des médecins qui prescrivent des drogues sécuritaires sont des spécialistes qui, comme Ryan Herriot, ont senti l’urgence d’agir.
« Quand des gens meurent, 6 par jour [...] il faut arrêter le saignement. »
Corey Ranger, infirmier clinicien en chef de SAFER, explique que les médecins de l’équipe ont de vastes qualifications et qu’ils ont fait un effort pour écouter les participants, la formation la plus importante dans une optique anti-oppressive, selon lui.
Sans formation spécifique, les spécialistes des dépendances partent de leur formation de base et échangent beaucoup entre eux. À chaque étape, il y a ce sens que nous prenons des risques calculés. Il faut faire ça en groupe, soigneusement, lentement, explique Ryan Herriot.