
Sanctions contre Moscou : une turbine place Ottawa en plein dilemme face à l’Europe
Radio-Canada
Une turbine du géant russe Gazprom, en réparation au Canada, crée une situation délicate pour le gouvernement canadien, qui enfreindrait ses propres sanctions à l'encontre de Moscou s'il la remettait à Gazprom afin de ne pas nuire à l'approvisionnement en gaz de l'Allemagne.
De Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, où il se trouvait vendredi, le ministre canadien des Ressources naturelles Jonathan Wilkinson a reconnu que le Canada se retrouve coincé entre l'arbre et l'écorce. Nous en discutons avec le gouvernement ukrainien et le gouvernement allemand et ce n'est pas une question simple.
M. Wilkinson a dit que le Canada travaillait pour essayer de trouver une solution qui fonctionnera pour tout le monde. Il a aussi précisé que la turbine à gaz au cœur du litige se trouve au Canada afin d'être remise à neuf.
Une source du ministère de l'Énergie de l'Ukraine a déclaré à l'agence Reuters vendredi que l'Ukraine s'oppose à ce qu'Ottawa remette la turbine à Gazprom. La source a rappelé que les sanctions infligées au gouvernement de Vladimir Poutine interdisent le transfert de tout équipement relatif au gaz.
Advenant que le Canada renvoie cette pièce d'équipement de l'oléoduc Nord Stream de Gazprom, nous allons sans aucun doute en appeler auprès de nos collègues européens pour que cette décision soit réévaluée, a déclaré la source du ministère ukrainien à Reuters.
Reuters affirme en outre avoir eu en main une lettre du ministre ukrainien de l'Énergie datant de juin et dans laquelle il pressait le Canada de ne pas remettre la pièce d'équipement à Gazprom. Selon ce que dirait cette lettre du ministre German Galushchenko, la Russie a amplement de quoi assurer le transit du gaz russe de manière à opérer au maximum de sa capacité, et ce, même sans la turbine en question.
Le 15 juin, Siemens Energy avait confirmé à l'agence Reuters qu'une turbine à gaz employée dans les stations de compression était à Montréal pour des opérations de maintenance et qu'elle ne pouvait être renvoyée en Russie en raison des sanctions imposées par le Canada.
Siemens Energy – entreprise allemande qui compte des installations au Canada – avait déclaré avoir informé les gouvernements canadien et allemand de cette situation, disant être à la recherche d'une solution viable.
La situation n'est pas simple, a répété Jonathan Wilkinson, en expliquant que le Canada doit être sensible au sort des Ukrainiens et continuer d'appuyer sans réserve les sanctions contre Moscou. Mais d'un autre côté, le but des sanctions n'est pas de pénaliser nos alliés et ainsi anéantir l'économie de l'Allemagne, de l'Italie, de la Slovaquie et de l'Autriche.