S’associer pour pérenniser son exploitation agricole
Radio-Canada
Comme d'autres avant lui, un producteur agricole, de Saint-Mathieu-de-Rioux, a dû trouver un moyen pour maintenir les activités de son entreprise. Pour lui, ce moyen a été de prendre un associé. Et la démarche a été ardue.
Il y a 22 ans, Alexandre Anctil a créé son exploitation ovine à la ferme l'Abitibienne. Le producteur agricole a lancé son entreprise avec une cinquantaine de brebis et de moutons. Aujourd'hui, il a plus de 1200 bêtes et fait naître entre 300 et 400 agneaux tous les deux mois.
Depuis quelques années, l'activité est devenue tellement prenante, qu'il ne lui était plus possible de continuer sans aide extérieure. L'aspect pratique au quotidien, les aspects financiers, les aspects économiques, de planification et de production etc. Ça devient très lourd, reconnaît Alexandre Anctil.
L'an passé, il s'est donc mis en quête d'un associé... ce qui s'est avéré, selon lui, presque plus difficile que de trouver une relève. J'ai essayé par le bouche à oreilles. J'en ai parlé à mes connaissances, mais ça ne fonctionnait pas, raconte le propriétaire de la ferme.
C'est là que l'Arterre est entré en jeu. L'organisme a pour rôle de mettre en contact les aspirants-agriculteurs et les propriétaires d'exploitation. Il s'agit bien souvent d'un contexte de relève lorsque le producteur agricole prend sa retraite, mais dans cette situation-ci, il s'agissait de trouver le bon partenaire pour Alexandre Anctil. L'homme affirme avec humour que la tâche n'était pas simple.
« C’est quelqu’un avec qui je vais passer plus de temps qu’avec ma conjointe pour les 15-20 prochaines années! Donc il faut que l’on s’occupe et se préoccupe des aspects humains de cette relation-là qui est plus qu’une relation d’affaires. »
L'Arterre a présenté David Gagnon à Alexandre Anctil. L'aspirant-agriculteur habitait en Montérégie et cherchait, depuis 15 ans, à reprendre une ferme laitière. Sur papier, il n'était pas le candidat idéal pour une association avec l'agriculteur de Saint-Mathieu-de-Rioux. Au début, j’étais quand même réticent. Je n’avais aucune connaissance dans le milieu avant, mais je me suis dit pourquoi pas je vais aller le voir. J’étais très impressionné quand je suis venu; par l’entrepreneur, par l’endroit, par les bâtiments, explique David Gagnon.
L'organisme a su voir la compatibilité des deux hommes. Des fois, c’est un peu ça notre rôle. De voir un peu plus loin que ce que les gens recherchent. C’est très difficile de trouver la parfaite combinaison. Dans ce cas-ci, les deux partageaient la même vision, affirme Jean-Philippe Mainville, agent de maillage à L'Arterre.
Depuis novembre 2021, les deux producteurs sont associés et unanimes pour affirmer que la co-gestion de l'entreprise fonctionne, car ils se sont bien préparés à cette association. Alexandre Anctil travaille depuis une dizaine d'années avec l'objectif de s'associer. Il y a quatre ans, il a même acheté la résidence que son voisin mettait en vente pour avoir un logement à proposer à son futur associé. Quant à David Gagnon, il économise depuis 15 ans en prévision de reprendre une exploitation agricole.