Sévices dans les pensionnats : « Pensez-vous que je n’aurais rien fait? »
Radio-Canada
En entrevue à Radio-Canada, Jean Chrétien revient sur son passage à la tête des Affaires indiennes à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Il continue d'affirmer qu'il n'a pas été mis au courant de sévices dans les pensionnats pour Autochtones à l'époque.
L'ancien premier ministre Jean Chrétien a affirmé lors de son récent passage à l'émission Tout le monde en parle qu'il n'avait pas été informé des abus dans les pensionnats pour Autochtones alors qu'il était ministre des Affaires indiennes. Or, des documents gouvernementaux jettent un doute sur ces affirmations, notamment une lettre qui lui avait été adressée en 1968 au sujet d'un pensionnat dans le nord de l'Ontario.
L'homme politique de 87 ans a été questionné à nouveau sur le sujet lors d'une entrevue avec le journaliste Patrice Roy. M. Chrétien persiste et signe : il n'a rien à se reprocher et invite plutôt à regarder vers l'avenir.
Patrice Roy : Vous êtes allé à Tout le monde en parle, dimanche, et une chose a fait couler beaucoup d'encre. Quand vous étiez ministre des Affaires indiennes, il y a un des nombreux pensionnats pour Autochtones, à La Tuque, qui était déjà l'objet de controverses. Et vous, vous dites, moi, je n’ai jamais entendu parler de ça...
Jean Chrétien : Écoutez, hier, j’ai parlé à des gens qui travaillaient avec moi. Deux adjoints à l'époque où j’étais ministre des Affaires indiennes. Ils ont dit on n’a jamais entendu parler de ça. Tout à fait par hasard, je rencontre quelqu’un qui était le sous-ministre en 80, 81, 82 et après. Il dit : moi, j’ai été là pendant trois ans, et ce problème de sévices qui existe dans les collèges, qui sont déplorables, moi non plus, je n’en ai jamais entendu parler.
Alors, là, on parle d’une lettre qu’on m’aurait écrite en 1968. Bien, je ne l’ai pas reçue, je ne l’ai pas lue. Vous me connaissez, M. Roy. Si on m’avait parlé de ce problème-là, pensez-vous que je n’aurais rien fait? Pensez-vous que j’étais un négligent quand j’étais dans les affaires publiques? Si je l’avais été, je n’aurais pas eu la carrière que j’ai eue.
Alors, je n’étais pas au courant. C’est sûr que si on m’avait mis au courant, j’aurais agi. J’ai agi dans tous les problèmes qui sont tombés devant moi. J’ai été 40 ans à m’occuper des affaires publiques. Et on ne m’a jamais reproché d’être négligent.