Rwanda : peut-on réellement obtenir justice après un génocide?
Radio-Canada
Il y a 28 ans, l'avion transportant le président rwandais Juvénal Habyarimana est abattu au-dessus de Kigali. L'attentat déclenche le génocide des Tutsis de 1994, un des pires génocides de l'histoire, qui coûta au moins 800 000 vies.
Près de 30 ans plus tard, la question d’avoir obtenu justice ou pas continue à se poser pour certains Rwandais.
Hiram Gahima est de ceux-là. Ce résident de Windsor, en Ontario, est issu d’une famille de six garçons.
Son père, sa mère et un de ses frères qui vivaient avec ces derniers ont été tués. Un autre frère, l'aîné de la fratrie, a aussi été tué, tout comme son épouse et ses sept enfants.
De cette grande famille, quatre personnes seulement ont survécu. Deux d'entre elles étaient à l’extérieur du pays au moment des massacres, notamment M. Gahima qui vivait déjà au Canada à l'époque.
Au sortir du génocide des Tutsis, l’État rwandais a tenté de mettre en place une forme de justice qui permettrait aux Rwandais de continuer à cohabiter, alors que certains avaient exterminé des familles entières ou tenté de le faire. Ce sont les gacaca, des tribunaux populaires ancrés dans les traditions du pays, où les meurtriers venaient confesser leurs crimes et demander pardon.
Près de 30 ans après le génocide, Hiram Gahima ne trouve toujours pas satisfaisante cette forme de justice.
Mon approche aurait été différente parce qu’on amène les gens dans le village et puis on demande ce qu’ils ont fait, de témoigner, de confesser. Et alors qu’est-ce que tu fais ? Quelqu’un qui a tué, s’il confesse, qu’est-ce que tu fais?, explique-t-il.
« Si les gens confessent, ils retournent dans leur village. Est-ce que c’est la punition pour quelqu’un qui a tué? Se confesser et ensuite retourner [être libre]? »