Romans d'ici: de quoi se consoler
Le Journal de Montréal
Avec Après Céleste, Maude Nepveu-Villeneuve offre un joli conte aux grandes personnes qui ont besoin de consolation.
Le thème de la maternité qui ne vient pas est de plus en plus exploré par les écrivaines québécoises — un récit d’attentes, de déceptions et de souffrances qui sort enfin de l’intimité où il était jusque-là vécu.
Maude Nepveu-Villeneuve y plonge à son tour, mais en y mettant une telle douceur que son histoire s’élargit à tous les deuils que l’on peut vivre. Car la question est pour tous la même : où se réfugier après une grande peine ?
Pour Dolorès, la narratrice d’Après Céleste, ce sera de retourner dans la maison familiale. Elle est située à Moreau, petit village si méconnu que « même la ville la plus proche est une ville mineure, négligeable [...] dont tout le monde n’a qu’une vague image mentale ».
Mais « les maisons à Moreau sont magiques ». Nepveu-Villeneuve va exploiter le phénomène au sens figuré, mais aussi au sens propre tant elle saura dégager tout l’apaisement que peuvent procurer les gestes quotidiens.
Le dernier pont
Dolorès a besoin de cet engourdissement parce que, pour la troisième fois, elle a perdu un enfant en cours de grossesse. Celui-là, elle a pu le tenir dans ses bras et lui donner un prénom : Céleste. Mais elle n’arrive pas à remonter la pente et s’abîme dans la culpabilité. Et cette douleur ne s’arrime pas à celle de Simon, son amoureux. Le couple s’effrite.
Dolorès va donc s’isoler là où elle a grandi, profitant de la demeure alors que ses parents sont partis en voyage. D’ailleurs, en plein cœur d’été, il n’y a pas grand monde au village, si ce n’est ses voisines, seules elles aussi.
À côté, c’est madame Labelle, la voisine gâteau de son enfance. Une vilaine chute réduit ses mouvements, Dolorès va donc lui donner un coup de main. En face, Olivia, une fillette récemment déménagée, s’ennuie. Son père, jeune veuf, travaille beaucoup et il n’y a pas d’autre enfant autour.