Riches ou influents : qui sont les oligarques russes visés par l’Occident?
Radio-Canada
Ce sont de puissants hommes d’affaires, propriétaires de jets privés, de yachts dans les stations balnéaires les plus en vue et d’immeubles de luxe aux quatre coins du globe. En leur imposant des sanctions économiques, les puissances occidentales espèrent plomber le régime russe. Mais cette offensive aurait une portée limitée.
Nous allons cibler vos gains mal acquis, menaçait Joe Biden dans son discours sur l'état de l'Union, au début du mois de mars. Afin d'isoler de plus en plus l'homme fort de la Russie, le président américain a fait vœu de punir les oligarques russes et les dirigeants corrompus qui ont soutiré des milliards de dollars au violent régime de Moscou.
Le Canada a lui aussi durci le ton à l'endroit du président Poutine. Depuis le début de l'offensive russe en Ukraine, le gouvernement Trudeau a ajouté plus de 430 noms à sa liste des personnes visées par des sanctions économiques, où l'on retrouve 560 individus.
Des membres de l'entourage du président russe sont du nombre, dont de hauts fonctionnaires et des magnats qui ont fait fortune dans les télécommunications ou les matières premières.
Cette élite doit son apparition à la privatisation massive d'entreprises publiques sous le prédécesseur de Poutine, Boris Eltsine. Lorsque le communisme promu par l'URSS s'est effondré, en décembre 1991, l'État a entrepris de revendre les parts des compagnies qu'il détenait.
Dans de nombreux cas, il s'agissait de ventes aux enchères profondément corrompues, explique l'historienne Kristy Ironside, auteure du livre A Full-Value Ruble : The Promise of Prosperity in the Postwar Soviet Union. Le mot d'ordre, à l'interne, c'est qu'on ne voulait pas que les entreprises étrangères puissent mettre la main sur des [parts] de l'économie russe vendues à bas prix, poursuit-elle.
Ceux qui ont profité de ce système sont les mêmes qui faisaient partie des élites politiques et culturelles de la Russie de la fin des années 1980, essentiellement des hommes qui avaient su tirer profit de la Perestroïka (« la reconstruction ») menée par l'ex-président de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev.
Mme Ironside cite l'exemple de Roman Abramovich, qui avait au départ une usine de fabrication de poupées et s'est retrouvé à la tête de Sibneft (aujourd'hui Gazprom Neft), l'une des plus importantes compagnies pétrolières du pays. Le milliardaire, propriétaire du Chelsea Football Club, a récemment vu ses avoirs gelés par le gouvernement britannique et s'est retrouvé sur la liste noire du Canada.
De 1992 à 1994, les deux tiers des actions de plus de 15 000 entreprises se sont ainsi retrouvées entre les mains de ces « initiés », selon une étude du Fonds monétaire international.