Retrait de données sur le cancer : la défense d’Arruda est contredite
Radio-Canada
La version des faits du Dr Horacio Arruda s'étiole dans le dossier de la pollution à l’arsenic de la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda. Radio-Canada a appris que l’ex-directeur national de santé publique du Québec n’a pas posé de geste concret pour accompagner sa décision de ne pas diffuser de données sur le risque de cancer du poumon, en septembre 2019.
Selon trois sources directement impliquées dans le dossier, c’est plutôt la santé publique de l’Abitibi-Témiscamingue qui a fait la demande d’étude approfondie à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Et cette requête est survenue en juillet 2021, soit près de deux ans après le retrait de la fameuse annexe.
Par ailleurs, la santé publique régionale ne confirme pas qu’elle était d’accord avec le retrait des données inquiétantes, alors que le Dr Arruda a évoqué un commun accord.
L’annexe 6 du rapport de biosurveillance de la santé publique régionale indiquait que l’incidence plus grande de cas de cancer du poumon à Rouyn-Noranda rend difficilement acceptable la présence d’arsenic dans l’air ambiant et à la surface des sols, considérant qu’il s’agit d’un facteur aggravant de ce type de cancer.
Selon nos sources, l’étude de l’INSPQ, qui sera dévoilée la semaine prochaine, confirmera que le risque de contracter un cancer du poumon à cause de l'arsenic est plus élevé à Rouyn-Noranda qu'ailleurs, particulièrement dans le quartier Notre-Dame, celui de la Fonderie Horne.
Mon intention n’a jamais été de cacher quoi que ce soit, a martelé Horacio Arruda lors d’une conférence de presse, le 23 juin, tout en reconnaissant qu'il a demandé de retirer l’annexe 6 du rapport de biosurveillance en 2019.
Le but était de prendre le temps de faire une analyse indépendante, plus robuste, mieux documentée, a-t-il expliqué. On a convenu de le publier autrement et de demander un avis à l’INSPQ.
À deux reprises durant la conférence de presse, le Dr Arruda a affirmé que c’était lui qui avait demandé l’étude approfondie, et c’est par le besoin d’attendre ce rapport complet qu’il justifiait d’avoir retiré l’annexe.
« J’avais demandé [...] d’avoir un rapport de l’INSPQ pour aller plus loin dans l’analyse de ces données. »