
Ressusciter l’humble Rattus macleari avant l’immense mammouth
Radio-Canada
Depuis le film Le parc jurassique, l'idée de ramener à la vie des espèces éteintes fascine. Mais vers quoi les scientifiques devraient-ils se tourner en premier?
Au lieu de se concentrer sur des espèces emblématiques comme le mammouth laineux ou le tigre de Tasmanie, une équipe spécialisée dans la paléogénétique a cherché à déterminer la méthode qui permettrait de ressusciter l'humble Rattus macleari. Cette espèce de rats endémique de l'île Christmas, dans l'océan Indien, a disparu il y a environ 120 ans.
Les chercheurs ne sont pas allés jusqu'à réellement recréer un spécimen vivant, mais selon eux, leur étude publiée mercredi dans la revue Current Biology montre à quel point les scientifiques travaillant sur des projets dits de désextinction pourraient s'en approcher.
Je ne fais pas de la désextinction, mais je pense que c'est une idée intéressante, et techniquement, c'est très enthousiasmant, a déclaré à l'AFP l'auteur principal de ces travaux, Tom Gilbert, de l'Université de Copenhague.
Trois techniques sont explorées pour ressusciter des animaux disparus : croiser des espèces proches afin de retrouver certains traits perdus; le clonage; et enfin l'édition génomique. C'est sur cette dernière que se sont penchés Tom Gilbert et ses collègues.
L'idée est de prendre de l'ADN de l'espèce éteinte, et de comparer son génome à des espèces modernes proches. Une fois la plus proche sélectionnée, l'outil CRISPR, surnommé ciseaux moléculaires, est utilisé afin d'éditer le génome moderne là où il diffère de l'ancien.
Les cellules ainsi modifiées pourraient ensuite être utilisées pour créer un embryon, à implanter chez une mère porteuse.
Selon Tom Gilbert, l'ADN ancien est comme un livre passé à la broyeuse. Le génome d'une espèce moderne, lui, est le livre de référence, intact, qui peut être utilisé pour déchiffrer les fragments abîmés de son ancêtre.
L'intérêt du chercheur pour ces rats a été suscité par un collègue ayant étudié leur peau, à la recherche de traces de pathogène liés à leur extinction, autour de l'année 1900.