
Rendu à cloîtrer nos caribous
TVA Nouvelles
Après des décennies de lente disparition du caribou, Québec lance encore des consultations plutôt que de trancher sur son avenir, dénoncent spécialistes et militants, qui redoutent la disparition de trois troupeaux.
«Le caribou forestier, c’est le canari dans la mine. S’il a des problèmes à supporter les coupes forestières qu’on fait dans la forêt boréale, c’est peut-être que bien d’autres espèces aussi sont en voie de disparition ou ont disparu», s’inquiète Serge Couturier, biologiste qui a été 27 ans à l’emploi du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).
Notre Bureau d’enquête a obtenu des images exclusives des derniers caribous de la harde de Val-d’Or, que le MFFP a mis en enclos en mars 2020 pour les protéger. On peut les voir dans le documentaire Défendre nos forêts, diffusé sur VRAI.
Les sept caribous sont nourris dans des mangeoires et vivent sur un territoire encerclé d’immenses clôtures (voir plus bas). Ces survivants dans leur enclos sont devenus le triste emblème de la perte de notre biodiversité, détruite petit à petit par l’industrie forestière notamment.
Qu’on en soit réduit à enfermer ces bêtes sauvages parce qu’on n’a pas su les protéger avant désole des scientifiques et des militants. D’autant plus que les caribous de Charlevoix et de la Gaspésie devraient eux aussi se retrouver en captivité sous peu.
Pour M. Couturier, ces trois hardes isolées des autres caribous du Québec sont « en grand danger de disparition imminente ».
«Dans le passé, nous avons rencontré le ministre des Forêts pour lui dire d’agir rapidement à Val-d’Or, car on dénombrait à l’époque 20 caribous, explique M. Couturier. Mais ils n’ont rien fait et il n’en reste que sept. Il y a de fortes chances qu’ils soient tellement dans un mauvais état et vieillissants qu’ils n’arrivent même plus à se reproduire».