Rendre visibles les invisibles
Radio-Canada
Depuis quelque temps, de petites mains – militantes – collent des portraits noir et blanc géants sur les murs des immeubles montréalais. Ils représentent des Autochtones de tous les horizons. Un projet d'art participatif baptisé Inside Out, fondé par le photographe et artiste de rue JR et porté par Nakuset, directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal.
Malgré le soleil de ce début de printemps, le froid mord la peau des mains. Kristen Perry, une jeune bénévole, allume le réchaud, y pose une grosse marmite pleine d’eau et s’apprête à verser un mélange pour fabriquer une pâte collante.
Elle sera utilisée pour afficher les 15 portraits noir et blanc d’autant d’Autochtones sur les murs de l’école MIND, rue Saint-Urbain. Le volet montréalais du projet Inside Out a été baptisé par Nakuset Indigenous Forced Displacement.
Elle a posé sa candidature après avoir vu une émission sur les œuvres de JR et, le jour suivant, son projet a été accepté.
Ils n’ont que peu de projets qui touchent les Autochtones et encore moins au Canada, explique Nakuset qui s'active, capuche enfoncée sur la tête, à dérouler les affiches.
La pandémie a un peu ralenti tout le processus, mais trois photographes autochtones (Vicki MacDonald, Craig Commanda et Martin Loft) ont finalement pu prendre en photo des portraits d’Autochtones.
Les images choisies ne représentent pas seulement des marginalisés. On voulait démontrer la diversité de la population autochtone, explique Marcelle Durrum, très impliquée dans le milieu communautaire et qui connaît bien Nakuset.
Parmi ces modèles, Grace, de la communauté de Lac-Barrière. Sa photo où on la voit sourire à gorge déployée a été prise en octobre alors qu’elle était de passage à Montréal pour un moose camp. Ils ont vraiment choisi la plus belle photo, lance-t-elle en riant, à l’autre bout du fil.
C’est sur les briques du Bâtiment 7, situé au 1900, rue Le Ber à Pointe-Saint-Charles qu'on peut la voir.