
Reconnaissance faciale : des commissaires à la vie privée giflent Clearview AI
Radio-Canada
Trois organismes provinciaux de surveillance de la vie privée ont ordonné à la société de reconnaissance faciale Clearview AI de cesser de collecter, d'utiliser et de divulguer des images de personnes sans leur consentement.
Les autorités de protection de la vie privée de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et du Québec exigent également que la firme américaine supprime les images et les données biométriques collectées sans l'autorisation des individus.
Les ordonnances exécutoires rendues publiques mardi font suite à une enquête conjointe des trois autorités provinciales chargées de la protection de la vie privée et du bureau du commissaire fédéral à la protection de la vie privée, Daniel Therrien.
Les organismes – dont la Commission d'accès à l'information (CAI) – ont découvert en février que la technologie de reconnaissance faciale de Clearview AI entraînait une surveillance de masse des Canadiens et violait les lois fédérales et provinciales régissant les renseignements personnels.
Ils ont déclaré que la collecte par la société new-yorkaise de milliards d'images de personnes sur internet – afin d'aider les corps de police, les institutions financières et d'autres clients à identifier des personnes – était une violation flagrante des droits à la vie privée des Canadiens.
Les directives des autorités provinciales publiées mardi obligent également Clearview AI à cesser de proposer ses services de reconnaissance faciale dans les trois provinces. Clearview ne fournit plus de services aux clients au Canada depuis l'été 2020, mais a laissé entendre qu'elle pourrait le faire à nouveau.
Le bureau du commissaire Therrien manque de pouvoirs exécutoires similaires à ceux des provinces, ce qui a suscité des appels au fil des ans pour mettre à jour la législation fédérale obsolète sur la protection des renseignements personnels.
Nous voyons d'un bon œil ces mesures importantes prises par nos homologues provinciaux, a déclaré M. Therrien dans un communiqué. Même si Clearview a cessé d'offrir ses services au Canada pendant l'enquête, elle a refusé de cesser de recueillir et d'utiliser les données des Canadiens ou de supprimer les images déjà recueillies.
L'entreprise a déclaré en octobre à la Commission d'accès à l'information du Québec que l'ordonnance qui est envisagée est inutile puisqu'elle n'exerce plus d'activités au Québec. Elle estime également qu'elle ne pourrait se conformer à une ordonnance de destruction puisqu'elle ne peut identifier les résidants québécois dans son système de photographies.