Randonnée en forêt : quel impact sur les animaux à proximité des sentiers?
Radio-Canada
Nous sommes en plein été. Un biologiste de la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) et une étudiante à la maîtrise en biologie à l’UQAR nous ont donné rendez-vous au poste d’accueil du parc national des Grands-Jardins, dans Charlevoix. Le nombre de passages ici, dans la dernière année, s'élevait à près de 240 000, soit deux fois plus qu’en 2019-2020. Une hausse d’achalandage qui s’explique notamment par la forte augmentation du nombre des nouveaux adeptes de la randonnée (2).
« Ce n'est jamais une bonne nouvelle quand l'activité humaine change le comportement des animaux. »
Une fois rendu dans les sentiers, le biologiste de la Sépaq, Marc-André Villard, nous parle du fragile équilibre entre les deux volets de la mission d’un parc national. C'est effectivement un travail d'équilibriste. Essayer de maintenir un accès puis une expérience intéressante pour les randonneurs, mais sans trop impacter la faune qui vit dans le parc, qui est parfois reléguée dans les parcs nationaux, parce que l'être humain a vraiment occupé le paysage aux alentours.
« En fait, du point de vue des animaux sauvages, le parc ici, c'est comme dans certains cas leur dernier refuge. »
Il y a actuellement au Québec 28 parcs nationaux, qui totalisent une superficie de 42 765 km2 en aires protégées. La Sépaq, principale gestionnaire de ces parcs, veut évaluer l'effet de la randonnée sur le comportement des grands mammifères qui, en principe, se trouvent en zone de conservation dans ces milieux naturels.
On a formé un groupe de travail sur ce qu'on appelle la capacité de support des parcs en termes de fréquentation humaine. On a analysé la littérature scientifique déjà existante, puis on a lancé ce projet-ci. Une étudiante à la maîtrise en biologie de l’Université du Québec à Rimouski, Jessica Bao, a été recrutée pour participer à cette mission de recherche.
« On installe des caméras sur les différents sentiers pour évaluer ça. Ensuite, avec les résultats, d'informer les parcs nationaux par rapport aux aménagements, par rapport aux ajustements à faire. »
Des centaines de caméras, munies de détecteurs de mouvement et de chaleur, sont fixées aux arbres, aux abords et en périphérie des sentiers, dans le but d’évaluer la réaction des grands mammifères aux passages répétés et parfois bruyants des nombreux randonneurs. Le piège photo est efficace pour les animaux d'une certaine taille, explique le biologiste de la Sépaq, Marc-André Villard. Ces mammifères vont être plus facilement détectables. Donc on est parti du coyote en montant jusqu'à l'orignal.
Des données ponctuelles comme l’heure précise du cliché, la température et même l’altitude exacte de la caméra sont enregistrées, dans le but d’être analysées plus tard par les chercheurs. Ils pourront notamment évaluer la réaction des grands mammifères aux passages répétés et parfois bruyants des randonneurs.