Raconte-moi la crise du verglas
Radio-Canada
Une quinzaine d'Estriens se sont rassemblés mercredi soir pour partager leurs souvenirs de la crise du verglas. Leurs témoignages feront partie de Chants du verglas, un projet artistique in situ qui sera présenté en février à Montréal pour marquer les 25 ans de cet événement météorologique marquant.
Ariane Bourget, l’une des co-créatrices du projet, se souvient de la crise du verglas comme d'une période bien spéciale de son enfance. J’ai vécu la crise quand j’avais 8 ans [...]. C’est drôle à dire, mais on le remarque chez la plupart des souvenirs d’enfant, j’en garde de très bons souvenirs. C’était un moment magique, qui était l’fun, mon père a transformé ça en aventure de camping dans notre maison, puis dans les maisons de nos amis, raconte-t-elle.
« C’est une crise du paysage qui a provoqué un frottement entre le drame et la magie, entre le danger à la magie. On a eu envie de se pencher sur cette friction-là. »
À l’approche des 25 ans, on trouvait que c’était vraiment important de réactualiser ces savoirs-là avant qu’ils tombent dans l’oubli, pour les amener un peu à la lumière des crises sociales ou climatiques, ou des désastres environnementaux qu’on pourrait vivre, ajoute-t-elle.
L’équipe derrière le projet a parcouru le Québec au cours des dernières semaines pour mener des entrevues individuelles avec une trentaine de citoyens qui ont vécu la crise. La rencontre organisée à la Buvette du centro de Sherbrooke mercredi représentait la première soirée de partage publique de Chants du verglas.
Les témoignages recueillis mercredi soir et tout au long des dernières semaines ont été enregistrés. Ils seront diffusés dans le cadre d’un parcours audioguidé qui sera installé dans un parc de Montréal dès le 6 février, jour où Hydro-Québec a annoncé que tous les Québécois avaient été rebranchés à l’électricité en 1998.
Ce parcours permettra de remettre le spectateur dans un état qui s’apparentait à celui de la crise, c’est-à-dire dans le froid, dans une déambulation dans la neige, au milieu de l’hiver, de faire ressurgir à travers le paysage et les souvenirs un état de crise qui a été vécu. C’est vraiment de faire des liens entre l’environnement et les histoires qui ont été racontées, explique Camille Denetre, qui est aussi co-créatrice de Chants du verglas.
Mercredi, les participants ont notamment parlé de leur définition des mots « crise » et « résilience ». Ils ont expliqué avoir voulu participer à l’activité pour se remémorer leur vécu, ou par intérêt pour les changements climatiques et les effets des désastres naturels sur la société.
Des sujets comme l’entraide, la communauté, la cupidité, et l’appréciation pour des choses souvent prises pour acquises, comme les poêles à bois, les jeux de société en famille et les repas chauds, ont aussi été abordés pendant la soirée. Les personnes présentes ont également effectué des liens entre janvier 1998 et d’autres crises survenues dans les dernières années, dont la pandémie.