
Révélations d’Enquête : une réforme du système forestier et une enquête publique réclamées
Radio-Canada
Au lendemain des révélations de Radio-Canada sur la gestion chaotique des chemins forestiers et de l’épidémie de tordeuse qui permet de favoriser l’industrie forestière, de nombreuses organisations dénoncent le système de gestion des forêts québécoises et réclament des changements rapidement.
Selon l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec, les problèmes troublants soulevés dans les reportages viennent s’ajouter à une liste déjà longue de controverses : aires protégées, caribou forestier, respect des Premières Nations, gestion des travaux sylvicoles, acériculture, démobilisation des professionnels.
Le président de l'Ordre, François Laliberté, estime qu’un coup de barre doit être donné, parce que les allégations qui s’accumulent concernant la gestion des forêts publiques deviennent insoutenables. Il est temps d’arrêter d’éteindre des feux. Bien que le régime forestier actuel soit fondé sur de bonnes bases, sa mise en œuvre se doit d’être révisée et un bilan s’impose, dit-il.
Le système actuel est en place depuis plus de 10 ans. L’Ordre croit que c’est le moment de réfléchir collectivement à l’avenir de nos forêts, en tenant un sommet ou des états généraux. L’important, c’est de s’asseoir pour revoir le modèle et s’assurer qu’on va chercher la vraie valeur du bois, qu’on implique les Premières Nations et pas seulement les gens du ministère et de l’industrie, soutient M. Laliberté qui prône une gestion décentralisée des forêts québécoises.
Québec solidaire croit que l’émission Enquête confirme que le ministère des Forêts est à la solde de l’industrie forestière. La complaisance du ministre des Forêts appauvrit la population et met en danger la biodiversité. La population mérite des réponses, a déclaré Émilise Lessard-Therrien, porte-parole en matière d'environnement.
La négligence de nos gouvernements depuis 30 ans menace nos cours d’eau, l’habitat d’espèces en danger et notre territoire, c’est tout simplement inacceptable, a martelé celle qui exige une enquête publique sur la gestion du ministère des Forêts depuis des mois.
L’ONG environnementale Nature Québec exige qu’une commission d’enquête indépendante fasse la lumière sur la gestion des forêts publiques. Hier, on a eu l’annonce d’une commission sur le caribou alors qu’on sait très bien ce qu'il faut faire. C’est une commission complètement inutile. Au contraire, nous ce qu’on demande, c’est une commission sur la gestion de la forêt, sur l’industrie forestière, sur le rôle du ministère des Forêts, explique la directrice générale Alice-Anne Simard.
Elle considère que les ententes secrètes entre le gouvernement et l’industrie forestière, sous le couvert de l’épidémie de tordeuse, sont épouvantables. C’est une entente théoriquement sur la tordeuse qui s’attaque au sapin, mais ce n’est plus nécessaire de couper du sapin. C’est une fraude. Le gouvernement est en train de frauder les Québécois en complaisance avec l’industrie pour aller récolter la forêt sous de faux prétextes, s’indigne-t-elle.
« On a l’impression que le gouvernement donne [au] rabais nos forêts à l’industrie forestière pour les saccager. »