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Réussite spectaculaire pour «Dune»
TVA Nouvelles
Après l’échec du Dune de David Lynch en 1984, tenter une nouvelle adaptation du roman de science-fiction de Frank Herbert était un défi aussi audacieux que périlleux. Mais Denis Villeneuve l’a relevé avec brio. Au sommet de son art, le cinéaste québécois a accouché d’un film grandiose et époustouflant qui en met plein la vue sans négliger pour autant la profondeur du récit.
Denis Villeneuve l’a dit, porter Dune au grand écran était un rêve de jeunesse. Avec beaucoup de respect, d’amour et de délicatesse, le cinéaste s’en est emparé pour le faire sien.
Les connaisseurs et les profanes découvriront donc que le duc Leto Atréides (Oscar Isaac) vient de se faire confier la gestion d’Arrakis, planète désertique sur laquelle est récoltée l’Épice permettant de voir l’avenir et de voyager dans l’espace. Avec son fils Paul (Timothée Chalamet), sa concubine Dame Jessica (Rebecca Ferguson) et ses lieutenants (Jason Momoa, Josh Brolin), il prend le contrôle de la planète et rencontre Stilgar (Javier Bardem), le chef des Fremen locaux. Mais la trahison de l’un des leurs force Jessica et Paul à se réfugier dans le désert.
Privilégiant une approche intimiste malgré des moyens colossaux (le budget du film oscille autour de 165 M$), le cinéaste québécois est resté collé aux émotions de ses personnages principaux, utilisant souvent des gros plans sur leurs visages pour sonder leur intériorité. Le jeune héros du film, Paul Atréides, est incarné avec aplomb par Timothée Chalamet qui a su apporter une fragilité au personnage, faisant écho aux doutes qui l’habitent dans le roman.
Les femmes jouent également un rôle important. Charlotte Rampling en révérende Mère transmet efficacement la peur qu’elle inspire chez Paul. Le choix de Rebecca Ferguson en Dame Jessica s’avère judicieux, le physique de l’actrice collant à l’abondante description qu’en fait Frank Herbert, jusque dans ses hésitations lors de son arrivée sur Arrakis ou pendant sa fuite dans le désert avec Paul ; la transcription visuelle de « La Voix » est d’ailleurs impeccable de puissance. Et Zendaya restitue, par sa grâce et ses mouvements, l’attrait qu’exerce Chani sur Paul.
Cela dit, Villeneuve n’a pas lésiné sur les scènes d’action du film, d’une intensité remarquable. On pense notamment à la séquence éblouissante d’un sauvetage en ornithoptère, mise en scène de façon magistrale par Villeneuve, ou à celle de l’apparition du ver des sables, majestueux de puissance dévastatrice et créatrice. La musique composée par le légendaire Hans Zimmer résonne jusqu’aux tripes, les voix féminines et les rythmes tribaux renforçant l’immersion du spectateur.
La signature de Villeneuve est omniprésente. Sa fascination pour les paysages désertiques, qu’il avait déjà transposés à l’écran dans plusieurs de ses films précédents (Un 32 août sur terre, Incendies, Blade Runner 2049...) est ici sublimée par l’océan de sable de la planète Arrakis, beau à couper le souffle et dans lequel brille l’Épice, objet de toutes les convoitises. Aussi, certains vaisseaux spatiaux ovales semblent tout droit sortis de L’Arrivée, le premier film de science-fiction de Villeneuve.
Le seul défaut qu’on pourrait reprocher à ce Dune est d’abandonner le spectateur au milieu de l’histoire. On sait que Villeneuve a abordé son film comme le premier volet d’un diptyque et que le studio Warner attend d’évaluer son succès en salle avant de donner le feu vert pour le tournage du second volet. Croisons-nous les doigts pour que cette suite voie éventuellement le jour.
Un film de Denis Villeneuve