Résistance au projet de loi de Québec pour mettre fin au recours aux agences privées
Radio-Canada
La volonté de Québec d'abolir le recours aux agences de placement de personnel continue de susciter de nombreuses réactions et se heurte à de la résistance dans le réseau de la santé.
Cela fait maintenant un an qu'Enya Jaime pratique le métier d'infirmière clinicienne. Après un très bref passage – trois mois à peine – dans le réseau public de la santé, elle a fait le grand saut dans une agence de placement de personnel.
J'ai beaucoup plus de liberté pour concilier le travail et ma vie privée et j'ai surtout un salaire qui est considérablement plus élevé que ce que j'avais au public, surtout pour une nouvelle infirmière, affirme Mme Jaime, qui préférerait déménager ou changer de métier plutôt que de retourner dans le secteur public compte tenu des conditions de travail actuelles.
Québec veut arrêter de faire appel aux agences privées et a incarné sa volonté dans le projet de loi 10, présenté mercredi, qui en prévoit l'interdiction, sauf dans les cas prévus par un règlement du gouvernement.
J'ai l'impression que c'est abolir sans trouver de solution et sans améliorer les conditions de travail [dans le secteur] public, ajoute Enya Jaime.
« Les infirmières en agence, c'est comme le bouc émissaire. Mais selon moi, on est là pour combler les trous que le public n'est pas capable de combler par lui-même. »
Pour le président de l'Association des entreprises privées de personnel soignant du Québec, Patrice Lapointe, le projet de loi 10 pourrait alimenter le chaos dans le milieu de la santé.
« Pour nous, le projet de loi 10, c'est 1900 infirmières de moins dans le réseau, plusieurs milliers d'employés de moins en provenance des agences et une saignée sans précédent. »
Nos employés sont extrêmement clairs, indique Patrice Lapointe en précisant que 80 % de ses membres ne souhaiteraient pas réintégrer le réseau même si les agences n'étaient plus présentes et que 70 % d'entre elles ne seraient plus dans le réseau sans les agences.