Quels sont les enjeux de la communauté noire estrienne en 2022?
Radio-Canada
Juillet Edgard Douckaga, Sherbrookois d’adoption et bénévole à l’organisme Touche noire, parle sans détour des barrières qui se dressent depuis toujours sur le parcours de la communauté noire. Que ce soit celle qui se trouve à Sherbrooke, Montréal ou même aux États-Unis, il estime qu'elles vivent des enjeux semblables.
Natif du Gabon, en Afrique, Juillet Edgard est arrivé à Sherbrooke en 2005. Il estime qu’en 2022, les personnes noires sont encore discriminées et marginalisées. On gagne, on avance tranquillement, mais il en reste encore beaucoup, souligne-t-il.
Peut-être qu’aux États-Unis, on va dire que c’est extrapolé parce qu’il y a plusieurs choses qui amènent à certains événements. Cependant, la situation demeure la même. La discrimination demeure la même. Les enjeux pour les afrodescendants demeurent les mêmes, que ce soit sur le plan social, économique. Ce sont des batailles quotidiennes.
Alors que diversité et inclusion sont les mots de l’heure, il y voit toutefois un peu d’hypocrisie. Selon lui, certaines organisations affichent une volonté de s’ouvrir à la différence, mais la réalité tend à lui montrer autre chose. Regardez toutes les grandes entreprises en Estrie. Donnez-moi juste une seule où vous avez un gestionnaire noir ou encore un conseil d’administration qui est dirigé par un Noir ou une Noire. Je n’en connais pas.
Il souligne que la communauté noire ne se reconnaît pas dans les institutions, parce qu’elle n’y est pas bien représentée. L’absence de policiers noirs au sein du Service de police de Sherbrooke est un exemple qu’il déplore, et qu’il trouve anormal. Cependant, il salue certains gains, comme l’élection récente de Raïs Kibonge au conseil municipal de Sherbrooke.
« On est heureux de voir un conseiller à la Ville [mais] c’est un sparadrap sur une plaie ouverte. »
Au cours de la dernière année, l’actualité a fréquemment mis à l’avant-plan des grands pans oubliés ou ignorés de l’histoire des Autochtones. Juillet Edgard Douckaga estime que l’histoire tragique de sa communauté est aussi occultée.
On vit sensiblement la même affaire. Il y a un passé, il y a une autre histoire du Canada qu’on se refuse de publier [...] comme s' il n’y a jamais eu de traite des Noirs.
« [Févier] est un mois où on commémore [l'histoire des Noirs], mais on s’est rendu compte que ça ne devrait pas être seulement au cours de ce mois qu’on doit s’intéresser à la communauté afrodescendante. [...] Pour nous, le mois de l'histoire des Noirs devrait être chaque jour. »