Que reste-t-il de #MoiAussi?, se demande la journaliste Améli Pineda dans un essai
Radio-Canada
En octobre 2017 naissait le mouvement #MoiAussi avec la parution de l’enquête du New York Times sur Harvey Weinstein ainsi que de celles du Devoir et de La Presse sur Gilbert Rozon. Cinq ans plus tard, la journaliste Améli Pineda, qui a couvert les différentes vagues de ce phénomène pour Le Devoir, a publié mardi Que reste-t-il de #MoiAussi? Un essai dans lequel elle aborde notamment la couverture journalistique de cette déferlante et s’interroge sur l’état de ce mouvement en 2022.
Si la révolution #MoiAussi a bouleversé la société, elle a aussi fait prendre à la carrière d’Améli Pineda une tournure aussi différente qu’inattendue.
Si, en 2012, lorsque je terminais mon bac en journalisme, on m'avait dit que j’allais consacrer une partie de ma carrière à la couverture des violences sexuelles, je dois avouer que je n’y aurais non seulement pas cru, mais que je me serais dit : "ayoye, je ne serais pas souvent dans le journal", écrit-elle dans Que reste-t-il de #MoiAussi?
Les violences sexuelles et conjugales sont devenues un secteur de couverture [médiatique] comme peuvent l’être l’éducation et l’environnement, explique-t-elle. Il y a 10 ans, c’était impensable!
Observatrice privilégiée du mouvement #MoiAussi ces dernières années, Améli Pineda a également pu constater qu’il s’est traduit par un changement dans les pratiques journalistiques.
On ne traitait pas les violences sexuelles comme un fléau social, mais comme des cas isolés, des faits divers, raconte-t-elle. Si c’était judiciarisé, on était à l’aise d’en parler, mais si une femme était venue nous voir avec un témoignage, on n’aurait pas su quoi faire avec ça.
On avait l’impression que c’était difficile à corroborer, que c’était [une affaire privée] entre deux personnes et qu’il n’y avait pas de témoin, poursuit-elle.
Toutefois, tout a changé en 2017. La force du nombre de femmes racontant avoir vécu des violences sexuelles est venue donner du poids aux dénonciations.
Comme journalistes, on s’est rendu compte qu’on traitait des dénonciations dans d’autres domaines. Les scandales de la construction, c’était des allégations qu’on a dû corroborer.