Que peut faire Québec contre l’inflation?
TVA Nouvelles
À quelques jours de la présentation du prochain budget Girard, l’inflation galopante préoccupe plus que jamais les Québécois. Mais le gouvernement provincial possède peu de moyens pour lutter contre ce phénomène qui relève davantage de la politique monétaire de la Banque du Canada, ont fait valoir plusieurs économistes consultés par l’Agence QMI.
Par contre, Québec peut mettre en place différentes mesures pour aider la population à faire face à la hausse du coût de la vie, ont-ils fait valoir. Tour d’horizon de son «coffre à outils».
C’est l’option retenue jusqu’ici par le gouvernement Legault : envoyer des chèques aux ménages pour leur permettre de compenser la hausse des prix. Si le premier ministre a déjà révélé qu’il s’agirait d’un «montant unique» plus important que les 200 à 275 $ versés au début de l’hiver (pour ceux gagnant moins de 53 000$), il n’a pas précisé s’ils étaient destinés à tous les Québécois. Selon le directeur principal en services de conseil chez Raymond Chabot Grant Thornton, Jean Philippe-Brosseau, ces chèques devraient toutefois viser les personnes à faibles revenus, «ceux pour qui le panier d’épicerie compte pour une grande part». Il s'agit toutefois d'une solution «à court terme» pour le gouvernement qui fait le pari que l'inflation redescendra bientôt.
L’une des options les plus appropriées pour lutter contre les effets de l’inflation selon les experts consultés, l’indexation des prestations gouvernementales comme les pensions de vieillesse, l’aide sociale ou le supplément de revenu garanti, n’a pas été discutée jusqu’ici par les parlementaires. Contrairement aux chèques, cette mesure persiste dans le temps et vient en aide particulièrement aux personnes les plus démunies qui dépendent de ces prestations, a expliqué l’économiste et ancien ministre des Finances, Nicolas Marceau.
Proposé par plusieurs partis, le gel de différents tarifs dont le prix l’électricité pour lutter contre l’augmentation des coûts est déconseillée par les économistes consultés qui craignent un éventuel «choc tarifaire». «Le gouvernement ne fait jamais rien sans rien», a fait également valoir l’ancien ministre délégué aux Finances, Alain Paquet, selon qui geler les tarifs des sociétés d’État entraînerait une diminution de leurs revenus et donc ultimement de l’argent qu’elles versent au gouvernement.
Le Parti libéral du Québec a suggéré de cesser temporairement de percevoir la taxe de vente du Québec (TVQ) sur les produits de première nécessité comme les brosses à dents, le dentifrice, le savon pour le corps et les médicaments en vente libre. Or, cette mesure aurait peu d’effets réels sur les économies des Québécois puisque la majorité de ces produits, dont les aliments de bases, sont déjà détaxés, estime le professeur titulaire au département d’économique de l’Université Laval, Stephen Gordon.
Mise en place en Alberta, la suspension de la taxe provinciale sur l’essence a été écartée jusqu’ici par le gouvernement Legault. Le chef conservateur Éric Duhaime, qui a également réclamé la suspension de la TVQ sur cette matière, estime que les Québécois pourraient ainsi sauver près de 20 sous par litre. Mais les économistes consultés déconseillent d’y aller d’une telle mesure qui priverait ultimement Québec de revenus importants et qui nuirait à son objectif de lutter contre la production de gaz à effets de serre. «Ce n’est pas en réduisant artificiellement le prix de l’essence, même si ça faisait plaisir aux gens, qu’on atteindrait cet objectif à long terme», a fait valoir l’économiste et ancien ministre délégué aux Finances, Alain Paquet.