
Que nous réserve 2022: la terre pourrait trembler au fédéral
TVA Nouvelles
La politique n’est jamais un long fleuve tranquille. Or, l’année 2022 sur la scène fédérale promet d’en être toute une. Élections provinciales en Ontario et au Québec, un avenir incertain pour Justin Trudeau, idem concernant son principal adversaire, Erin O’Toole. S’ajoutent à cela une crise de l’inflation qui nous pend au bout du nez et une relation tendue avec les Américains. Les plaques tectoniques pourraient être appelées à bouger avant longtemps.
• À lire aussi: Eh oui, encore des élections: voici à quoi vous attendre en 2022 à l'Assemblée nationale
Restera, restera pas. Justin Trudeau jure qu’il mènera le PLC à la prochaine bataille électorale. Plusieurs en doutent. Après trois élections et une pandémie, Trudeau, père de trois enfants et nouvellement quinquagénaire, voudra peut-être passer à autre chose. Son caucus aussi d’ailleurs, même si ses députés doivent beaucoup à celui qui a fait renaître le parti en 2015. Justin Trudeau se mettra-t-il en mode legs ? La réconciliation avec les Peuples autochtones piétine, l’atteinte de nos cibles de réduction des GES aussi, malgré les beaux discours et les millions investis. La création d’un réseau de garderies subventionnées à l’échelle du pays va bon train, mais il en est à ses balbutiements. Bref, M. Trudeau a du pain sur la planche pour assurer son héritage. En attendant de savoir ce qu’il décidera, il faudra surveiller en 2022 les prétendants à sa succession dont les noms circulent déjà : Chrystia Freeland, Anita Anand, François-Philippe Champagne, Mélanie Joly, le banquier Mark Carney. Le Globe and Mail nous apprenait que Mme Freeland publierait prochainement une autobiographie. Il y a des signes qui ne mentent pas.
Erin O’Toole est peut-être toujours chef du Parti conservateur, mais il n’est pas sorti du bois. Son leadership est fragile, c’est le moins qu’on puisse dire. Ses partisans vantent sa force tranquille. D’autres à l’interne perçoivent un chef faible prêt à trahir ses convictions ou celles de son parti pour séduire un électorat qui lui est réfractaire. O’Toole a commencé à marquer son territoire en marginalisant des figures connues du parti, dont une sénatrice et des députés sociaux conservateurs. Il doit composer avec une poignée d’antivax qui discréditent son discours sur la pandémie. Il subit aussi des pressions pour attaquer de front la loi 21. O’Toole s’y refuse pour l’instant, mais a récemment commencé à souffler le chaud et le froid. Bref, le parti se cherche depuis le départ de Stephen Harper et Erin O’Toole est loin d’avoir trouvé les ingrédients de l’unité. Il est prévu que M. O’Toole subisse un vote de confiance lors d’un congrès en 2023. Mais son avenir se jouera peut-être plus tôt.
On se doutait bien que Joe Biden ne s’avérerait pas l’ami complice parfait du Canada, après la tempête Trump. On pouvait toujours espérer en des jours meilleurs. Or, l’ampleur du défi américain reste entière avec le démocrate à la Maison-Blanche. Le vent protectionniste qui souffle au sud de la frontière menace des industries vitales du présent et de l’avenir pour nous, comme l’automobile. Les sourires diplomatiques du président américain en mal de popularité n’arrivent plus à cacher son dédain pour le point de vue canadien sur le commerce et le libre-échange. Il s’est même permis de narguer Trudeau en se rendant dans une usine de Detroit pour vanter ses mesures protectionnistes quelques heures avant une visite officielle à Washington de notre premier ministre.
L’Ontario et le Québec s’en vont aux urnes en 2022. Leurs premiers ministres respectifs ont des objectifs bien différents. Doug Ford doit remonter la pente et François Legault, lui, doit se maintenir à l’approche du scrutin. Leur attitude vis-à-vis d’Ottawa durant cette année électorale le sera-t-elle aussi ? Ford s’est éclipsé durant le scrutin fédéral alors que Legault y a sauté à deux pieds joints. La trêve entre Ford et Trudeau se poursuivra-t-elle, eux qui ont en commun un très large bassin d’électeurs dans la grande région de Toronto ? Legault sera-t-il en mode deals ou confrontation ? Si le passé est garant de l’avenir, ce sera sans doute un savant mélange des deux, tant que sa popularité le lui permettra.
La crise du coût de la vie et du logement au pays a marqué la fin de l’année et promet d’être au cœur des débats politiques en 2022. Les conservateurs n’ont pas fini de ronger cet os. La période inflationniste actuelle est plus forte qu’anticipée. Les taux d’intérêt pourraient grimper dès le début de l’année. Inquiets de la tournure des événements, les libéraux mettent en vitrine leurs investissements dans le logement et les garderies pour faire baisser la pression politique. On les sent surtout en mode attente. Les conservateurs essaieront de faire porter le blâme aux libéraux pour l’inflation mondiale en tordant un peu les faits. Ils pourront tout de même toujours rappeler que le PLC a engagé le pays dans des déficits structuraux bien avant la pandémie.