
Quand manifester contre la culture du viol (et Julien Lacroix) fait peur
Métro
Par peur de représailles, les organisatrices d’une manifestation contre la culture du viol et contre le retour de l’humoriste Julien Lacroix, dénoncé par neuf femmes en 2020 pour agressions sexuelles, ont décidé d’annuler leur action qui devait avoir lieu aujourd’hui.
Ce mardi à 17h, des centaines de manifestant.e.s devaient se réunir au métro Préfontaine.
C’est aussi à ce moment et dans ces environs que devait être enregistré le balado de Julien Lacroix devant public. Or, l’humoriste, qui tente un retour, a finalement décidé d’annuler l’événement, «forcé», dit-il, par des «menaces sérieuses» visant des membres de sa famille et par la tenue d’une manifestation.
Si les organisateur.trice.s de ladite manifestation soutiennent n’avoir jamais fait de menaces envers qui que ce soit ni avoir encouragé de tels comportements, iels affirment que l’annonce de Julien Lacroix a suscité beaucoup de haine à leur égard.
«Malgré que nous ne soyons pas les autrices des présumées menaces [contre la famille de Julien Lacroix], nous ne voulions pas prendre de chance qu’il y ait des récidives», écrivent Les Insoumises, un des collectifs à l’origine de la manifestation «Non à la culture du viol».
Selon la professeure au Département des sciences juridiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Rachel Chagnon, on est présentement dans un moment de «quadrature du cercle» alors qu’on se trouve devant un problème dont on sait par avance qu’il n’a pas de solution, avec la réalité des réseaux sociaux et du tribunal populaire.
«La raison pour laquelle les organisatrices ont été victimes d’un effet adverse aussi important, c’est que leur réaction à l’égard du retour dans l’espace public de Lacroix a provoqué une contre-réaction parce qu’il a, dans son entourage, des gens qui sont ses supporters», poursuit-elle.