
Quand les villes font la sourde oreille aux bruits des voisins
Radio-Canada
Que ce soit un compresseur d’air posé sur le toit d’une épicerie dans Hochelaga-Maisonneuve, l’ajout de machineries dans une fonderie de Sorel ou une école de dressage de chiens qui organise des compétitions canines dans la région de Sherbrooke, nombreux sont les citoyens qui ont écrit à La facture pour faire part de leur exaspération devant leurs voisins bruyants.
Mais le cas de Jean-Benoît Landry, un citoyen de Shannon, près de Québec, est particulier, car il a dû se battre, seul, en Cour supérieure pour forcer son voisin à respecter les règlements municipaux.
Le juge l'a carrément dit avant qu’il donne son verdict. C'était la job de la Ville de faire ça. La Ville de Shannon a pris la décision d'abandonner ses citoyens et de les laisser avec ce calvaire-là.
Jean-Benoît Landry a construit sa maison de ses propres mains en 2014. S'il a choisi Shannon, dont le slogan est Pour la vie, c’est pour la tranquillité que la municipalité leur permettait d'avoir, lui qui souhaitait fonder une famille.
Lorsque quatre ans plus tard, un nouveau voisin a emménagé tout juste à côté de sa maison, sa conjointe et leurs deux enfants ont perdu leur havre de paix.
On n'a jamais eu une journée de paix. Jamais, jamais, jamais, lance avec dépit Marie-Rose Guimond-Patry. On voulait mettre la piscine, planter des beaux arbres; nos projets ont vite pris le bord quand le voisin est arrivé.
Leur voisin est Marcel Légaré, propriétaire d’une entreprise qui porte son nom, spécialisée dans l'entretien paysager l’été et le déneigement durant l’hiver. De leur maison, le couple peut observer chaque matin et chaque soir de la semaine le va-et-vient des employés : chargement des outils dans leurs camions-remorques, aiguisage de lames, réparation de moteurs, déchiquetage de branches.
Toutes ces sources de bruits finissent par rendre insupportable la vie du couple. Même durant la fin de semaine, ils n’ont pas droit au repos. La fin de semaine, ils amènent les arbres et enlèvent les branches. Tout ce qu'une compagnie commerciale de paysagement/déneigement fait, ça se fait à côté de chez nous, dans un quartier résidentiel.
À l'arrivée de l'entrepreneur à Shannon, la municipalité a délivré un certificat d’autorisation permettant à Marcel Légaré d’ouvrir un bureau. Mais il a été bien informé que ce certificat serait révoqué si ses activités nuisaient au voisinage. Moins d’un mois plus tard, la Ville lui a retiré son autorisation. Ce qui n'a pas empêché Marcel Légaré de poursuivre ses activités commerciales.