Quand les poètes parlent du paysage
Radio-Canada
Les grandes falaises de la Gaspésie, l'immensité du fleuve, la majesté des forêts. Même si elles inspirent, il est parfois difficile de trouver des mots pour décrire ces paysages qui nous entourent et parfois nous happent. C'est pourtant ce que réalisent les autrices Rachel Leclerc, France Cayouette et Hélène Dorion dans leurs derniers recueils de poésie parus cet automne.
Les deux premières habitent la Baie des Chaleurs, en Gaspésie, la troisième habite dans la région de Québec, mais l'écriture de chacune est teintée par la nature implacable qui les entoure.
Chez France Cayouette, qui vient de faire paraître Doublure du monde (Le Noroît), la nature se fond au quotidien, on y devine les matins tranquilles où les yeux se perdent dans l'immensité du paysage : un refrain / regagne la mer / en bas / ta petitesse t'attend / dans la poche de l'aube.
L'autrice nous convie à déambuler avec elle, à être attentifs aux points cardinaux soulevés par le vent tiède, et à écouter le clapotis de l'eau / l'air aussi immobile / qu'un imprimé.
Mais alors qu'on ne cesse de regarder le paysage, c'est aussi lui qui finit par nous regarder.
À force de fenêtres, le paysage te repère. D'un seul mouvement, féconde hier, ta lignée et les grands champs. Ce qui vacille s'agenouille enfin, tout murmure incarné.
Dans Mes forêts (Éditions Bruno Doucey), d'Hélène Dorion, le paysage invite plutôt à se recueillir, à écouter le bruit des branches qui s'inclinent comme des archets. Ici, les forêts sont de longues traînées de temps qui entendent nos rêves /et nos désenchantements, elles deviennent ainsi prétexte à l'introspection : les forêts creusent / parfois une clairière / au-dedans de soi.
Le paysage d'arbres, de branches et de feuilles permet aussi de s'échapper du quotidien, et de détourner le regard de nos écrans/qui jamais ne dorment.
[Mes forêts] sont un dessin de nature morteignorant les écranssur lesquels on les regardesans jamais les voir