Qualifié pour le Mondial, le Canada donne du sens à 36 ans de déceptions
Radio-Canada
Nous sommes le 14 septembre 1985. Elton John va lancer l'une de ses chansons les plus célèbres dans quelques jours, le dernier James Bond de Roger Moore se rentabilise en salle depuis plusieurs semaines et un autre scribe rédige probablement une amorce du genre en revenant sur l’année 1948.
Mais surtout, à Saint-Jean, Terre-Neuve-et-Labrador, l’équipe canadienne masculine de soccer se qualifie pour sa première phase finale de la Coupe du monde en battant le Honduras 2-1. Huit mois plus tard, au Mexique, les Canadiens joueront trois matchs et les perdront tous, sans marquer de but.
C’est ici que se termine ce retour dans le temps.
Nous sommes le 27 mars 2022. Avec une passe décisive de Dua Lipa, Elton John trouve le moyen d’encore trôner au sommet des palmarès, le dernier James Bond de Daniel Craig se rentabilise désormais sur Internet et l’équipe canadienne masculine de soccer vient enfin de se qualifier pour sa deuxième phase finale de la Coupe du monde en battant la Jamaïque 4-0. Huit mois plus tard, au Qatar, les Canadiens joueront trois matchs… au moins.
Le temps de spéculer sur ce que les Rouges feront au Mondial de 2022 arrivera bien assez vite. (Divulgâcheur : ils risquent d’y marquer un but.) D’ici là, ils méritent qu’on se penche sur l’exploit qu’ils ont réalisé – car c’en est bel et bien un.
C’est étrange d’écrire cette phrase en parlant de l’équipe nationale d’ici, mais elle a donné l’impression que c’était facile de se qualifier pour la Coupe du monde alors que ce n’est manifestement pas le cas. Demandez à l’Italie.
Huit victoires, quatre nuls, une petite défaite, la meilleure attaque et la meilleure défense du continent, une qualification mathématique avec un match à jouer, mais dont on se doutait déjà beaucoup quand il en restait cinq : la maîtrise qu’a exercé le Canada dans ce parcours est carrément déroutante, et son exclusion depuis 1986, ce n’est que la moitié de l’histoire.
Lors du cycle suivant, le Canada a su dès octobre 1988 qu’il ne serait pas du grand rendez-vous de 1990. C’était la première d’une succession de déceptions amères post-1986 pour les Canadiens, que ce soit en qualifications pour le Mondial ou dans d’autres compétitions. (Heureusement qu’il y avait l’équipe féminine.)
L’exclusion du tournoi de 1994 après des tirs de barrage lors du match de la dernière chance. Les deux misérables buts en huit rencontres de qualification pour le Mondial de 2002 après avoir gagné la Gold Cup de 2000. La défaite contre les Américains à la Gold Cup de 2007, l’équivalent footballistique du but d’Alain Côté (à la différence que celui d’Atiba était bon). L’ignoble 8-1 au Honduras en 2012.