
Qu’adviendra-t-il de la BD Les Nombrils?
Radio-Canada
Elles ont charmé des millions de personnes à travers le monde. Grâce à elles, Marc Delafontaine a atteint son rêve de gagner sa vie comme bédéiste. Mais l’avenir de Karine, Vicky et Jenny est en suspens, depuis que leurs créateurs Delaf et Dubuc se sont séparés.
Marc Delafontaine -Delaf- a imaginé ces personnages d'adolescentes étourdies et superficielles avec la Sherbrookoise Maryse Dubuc -Dubuc. Ils ont été couple pendant 24 ans. Mais voilà qu'avant que la pandémie ne se déclare, leurs routes se sont séparées.
C’est arrivé soudainement. Maryse a décidé de poursuivre son chemin, seule. J'ai l’impression qu’il y a quelque chose qui l’appelait ailleurs. Je n’ai jamais vraiment complètement compris, raconte-t-il, sans cacher que ce départ l’a rudement secoué.
C’était ma partenaire de travail, mais en même temps, c’était ma partenaire de vie, c’était ma meilleure amie, c’était tout ça. Ça faisait vraiment beaucoup de choses à digérer.
Marc a donc dû tourner la page sur une partie importante de sa vie personnelle, mais aussi sur une période professionnelle exaltante. Co-auteurs des huit albums de la série Les Nombrils, publiés depuis 2006, Delaf et Dubuc ont réussi ce qu’aucun québécois n’avait accompli avant : publier une série chez le prestigieux éditeur belge Dupuis. Leur oeuvre a d’abord éditée dans la revue humoristique québécoise Safarir, mais les deux auteurs rêvaient de faire une percée en Europe avec leurs colorés personnages.
Ils ont alors contacté un auteur français qui collaborait comme eux dans Safarir pour lui demander conseil. Marc Cuadrado leur suggère fortement de frapper à la porte de la maison Dupuis, et ils décident de tenter leur chance. Ils font quelques changements de ton, arrondissent les angles et envoient une maquette de six pages par courrier prioritaire. Marc se rappelle encore cette journée où leur vie a été à jamais transformée.
Trois jours plus tard, on avait un téléphone de l’éditeur Benoît Fripiat qui disait : "J’adore Les Nombrils. Franchement, un projet comme ça, j’en vois un aux 10 ans. Non seulement je vous veux dans le journal Spirou [300 000 abonnés], mais je vous signe en album et je vous invite en Belgique pour signer les contrats". Tout ça dans le même téléphone, se rappelle avec bonheur Marc Delafontaine, qui jouit aujourd'hui d’une indépendance financière grâce à ses Nombrils.