Québec ouvre le dialogue sur la protection des langues autochtones
Radio-Canada
Près de 80 personnes ont pris part, lundi à Val-d’Or, à la première séance de consultation du ministre Ian Lafrenière sur la promotion et la revitalisation des langues autochtones.
L’exercice se déroule sans l’appui des chefs autochtones, qui ne reconnaissent pas la légitimité du gouvernement du Québec sur cette question.
On n’a pas besoin de lois pour nous aider, soutient le chef de Lac-Simon, Lucien Wabanonik. S’ils veulent une discussion, elle doit se faire de nation à nation. Une chose plus simple serait d’adopter la Déclaration des Nations unies sur les peuples autochtones. Pourquoi le Québec fait autrement? Cette consultation, c’est une fausse manœuvre, une erreur. Il y a des façons de faire plus respectueuses des uns et des autres.
Malgré la position des chefs, plusieurs participants qui ont accepté de s’exprimer devant le ministre Lafrenière ont rappelé leur crainte de voir les langues autochtones disparaître.
Personnellement, je suis terrorisé, lance Oscar Kistabish, un Abitibiwinni membre du conseil d’administration du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or.
« Si on perd notre langue, on n’est plus là, on n’existe plus, c'est notre identité. Québec fait un bon geste en réveillant les chefs, les communautés et ceux qui travaillent à revaloriser la langue. »
Plusieurs ont rappelé l’importance de respecter et de soutenir les manières traditionnelles de propager les langues autochtones. Il a aussi beaucoup été question de favoriser leur enseignement dans les écoles.
J’ai moi-même traversé tout le système scolaire québécois sans jamais être reconnue comme une personne anishnabe, a raconté Nancy Wiscutie Crépeau, professeure adjointe à l’INRS. Oui, la langue autochtone doit avoir sa place à l’école et les jeunes doivent être mieux considérés dans leur répertoire langagier. Les enseignants doivent être mieux formés pour comprendre leur réalité linguistique. La question du territoire est aussi importante. C’est le lieu de transmission par excellence. Ça ne doit pas juste être confiné au milieu scolaire.
Ian Lafrenière dit vouloir utiliser ces consultations pour tendre la main aux Premières Nations. Il affirme que Québec n’a pas fait son lit en ce qui a trait à la pertinence ou non d’adopter un projet de loi pour mieux protéger et promouvoir les langues autochtones.