Protection de la jeunesse : 50 enfants placés sans aviser la communauté d’origine
Radio-Canada
Malgré un article de la loi sur la protection de la jeunesse, environ 50 enfants d’Opitciwan -vivants hors de la communauté atikamekw- ont été placés depuis 2019 sans que celle-ci soit avisée .
Ce constat a été fait récemment par les services sociaux d'Opitciwan lors d'une demande au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean afin de transférer les dossiers de tous les enfants inscrits dans leur registre, qu’ils vivent dans la communauté ou non.
Le 17 janvier, la loi de la protection sociale atikamekw d’Opitciwan est entrée officiellement en vigueur et la communauté a alors pris en main la protection de sa jeunesse grâce à la loi fédérale C-92.
Pour cela, la communauté a demandé aux DPJ de Mauricie-et-du-Centre-du-Québec et du Saguenay-Lac-Saint-Jean de lui transférer les dossiers concernant les enfants d’Opitciwan.
La communauté a alors découvert que, pour environ 50 enfants, la DPJ du Saguenay avait omis de l'aviser que le dossier de ces enfants devait passer devant le tribunal.
Pourtant, depuis le 1er janvier 2018, selon un article de la Loi sur la protection de la jeunesse, les communautés concernées (et donc leurs services de protection de la jeunesse) doivent être avisées dans le cas de procédures judiciaires impliquant un enfant autochtone.
La personne responsable des services à l’enfance ou de la protection de la communauté peut ainsi témoigner et présenter ses observations au tribunal et, à ces fins, être assistée d’un avocat.
En n’ayant pas été au courant, 50 enfants ont été placés sans que la communauté ait eu son mot à dire, explique le conseiller externe aux services sociaux d'Opitciwan, Luc Gervais.
Pour certains, une autre issue aurait pu être possible. On aurait pu s’opposer notamment pour des placements dans des familles allochtones […]. On a un exemple où on n’est clairement pas d’accord avec l’enlignement de la DPJ Saguenay. Ça ne veut pas dire qu’on aurait eu gain de cause, mais, plutôt que d’aller dans une famille allochtone, on aurait proposé une famille autochtone ou la famille élargie pour garder le lien culturel et la langue, poursuit-il.