Protection d’un boisé : des citoyens se sentent trahis par la mairesse de Sherbrooke
Radio-Canada
Un projet de construction de logements sociaux sur un terrain boisé de la rue McCrea à Sherbrooke est décrié par des citoyens qui se battent depuis des années pour sa préservation. Des résidents du secteur disent même se sentir trahis par la mairesse, Évelyne Beaudin, qui, dans le passé, a milité à leurs côtés pour la protection de cet espace vert situé à côté du parc St-Charles-Garnier.
Ce projet de logement social devait initialement être construit dans l’est de la ville, dans l’ancienne église Sainte-Famille. Or, le 17 mars dernier, la Ville annonçait que le lieu de culte serait plutôt converti en bibliothèque municipale et que les logements seraient bâtis sur un terrain de la Ville situé dans le district du Carrefour.
Cette nouvelle a été reçue comme un coup de massue par les citoyens du secteur, qui utilisent ce terrain à des fins récréatives depuis des années. Les enfants jouent là. Ils vont jouer à la cachette, vont jouer dans le bois. C'est vraiment un beau petit boisé, explique Mélanie Boulay, porte-parole du comité de citoyens du parc St-Charles-Garnier. Ce regroupement souhaite depuis plusieurs années que l’espace vert soit tout simplement annexé au parc.
On est consterné. On est sidéré. On trouve que ça n’a pas de bon sens, dit-elle. Comprenez-moi bien : les citoyens autour du parc ne sont pas contre le logement social, au contraire. Mais on trouve que dans la position actuelle de ce petit emplacement là, c'est tout le petit boisé qui va être complètement rasé et cette espèce de tour de 30 logements va être adossée à des maisons unifamiliales. C'est complètement inacceptable. Ça ne respecte pas l'urbanisme.
Une autre citoyenne, Louise Bérard, croit que les personnes âgées, comme elle, apprécient la proximité des services et la tranquillité du secteur, et elle craint que l’ajout de 30 nouvelles adresses sur un si petit terrain cause une affluence importante. Ça ne sera pas vivable, dit-elle.
La mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, rétorque qu'elle a justement rencontré des personnes âgées qui aimeraient bien avoir accès à du logement abordable dans le secteur. Cette construction est donc justifiée à ses yeux.
« Le district du Carrefour, c'est le district le plus âgé de Sherbrooke, et il n’y a pas de logements [abordables] destinés aux personnes âgées, aux personnes seules. »
Un autre aspect qui choque les citoyens, c’est l'impression que la mairesse a changé son fusil d’épaule. Lorsque Évelyne Beaudin était conseillère du quartier, elle s’est battue avec eux pour la protection du boisé. Son objectif principal était d’empêcher la Ville de vendre ce terrain à un promoteur immobilier.
Si aujourd’hui, elle ne renie pas son implication passée dans le dossier, elle insiste pour dire que l’éventualité d’y construire des logements sociaux a toujours fait partie des options qu’elle considérait. Elle rappelle que dans une vidéo toujours disponible sur le web, elle cautionne clairement cette option de construire ce type de logement tout en préservant une partie du boisé.