Projets d’infrastructures: émancipons-nous du cadre traditionnel des contrats publics
TVA Nouvelles
Il est fréquent d’entendre et d’observer dans l’espace public que les grands projets d’infrastructures respectent difficilement les coûts et les échéanciers initialement prévus.
Une malheureuse réputation qui ternit l’image d’un Québec qui se veut productif. Et pourtant, nous détenons l’une des plus impressionnantes expertises dans le domaine de la construction.
En tant que principal donneur d’ouvrage, le gouvernement québécois voit bien que la concurrence n’est pas suffisamment au rendez-vous dans plusieurs cas. Lorsque, trop souvent, un seul et unique soumissionnaire dépose un devis pour un projet, il faut revenir à la table à dessin et repenser notre manière d’opérer.
Le ministre responsable des Infrastructures, Jonatan Julien, a déposé ces derniers jours le projet de loi 62 visant principalement à diversifier les stratégies d’acquisition des organismes publics et à leur offrir davantage d’agilité dans la réalisation de leurs projets d’infrastructures. Québec voudrait ainsi se donner les coudées franches pour réaliser des projets à moindres coûts, qui respectent les délais.
Nous accueillons favorablement les objectifs visés par ce projet de loi, car nous devons plus que jamais accorder de l’espace à la collaboration et à l’innovation et tenter de nouveaux modes alternatifs de réalisations en construction si nous souhaitons dynamiser le secteur.
Le projet de loi 62 représente un pas dans la bonne direction, mais lorsque l’on regarde ailleurs, force est d’admettre que le Québec a traîné de la patte en comparaison avec ses voisins.
En Ontario, après avoir constaté l’explosion généralisée des délais et des coûts il y a déjà quelques années, le gouvernement ontarien a décidé de sauter à pieds joints dans les modes de construction alternatifs. Les constats sont clairs, un meilleur alignement des intérêts de toutes les parties prenantes, une réduction des risques de réclamations et un respect plus adéquat des coûts et des délais.
Une étude réalisée en 2022 par l’Alliance de la réalisation de projet intégrée (IPDA), l’École de technologie supérieure (ÉTS) et l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) a également mis en lumière les avantages des projets en mode alternatif de construction. Pour les trois cas de projets d’infrastructures étudiés, les résultats démontrent une meilleure collaboration entre les parties prenantes, une meilleure transparence au niveau des coûts engendrés et une efficacité augmentée, au bénéfice de tous.
Bref, en utilisant ces nouveaux modes de construction, tous les acteurs du milieu rament dans le même sens. Au travers de tous ces avantages, c’est aussi la multiplication du nombre de soumissionnaires pour un projet qui est l’une des améliorations les plus considérables.