Projet de loi sur la langue française: faire les choses à moitié
TVA Nouvelles
L’insistance du premier ministre et du ministre parrain du projet de loi sur le français à mentionner qu’il faut faire passer les substitutions linguistiques des allophones (parler français à la maison) des 53 % actuelles à 90 % nous faisait espérer qu’il y aurait mise en place de mesures gouvernementales vigoureuses pour atteindre cet objectif essentiel à la survie du Québec français.
Pour se déployer et s’épanouir, la culture québécoise a besoin de la force du nombre et de la vitalité d’allophones qui font du français leur premier choix et pas seulement en tant que langue seconde. Le bilinguisme peut être commun sans que la culture québécoise le soit. Aucune mesure n’est prévue pour remédier à cette dissociation entre francisation et culture dans le projet de loi 96.
Même silence sur les deux mesures jugées les plus structurantes pour atteindre l’objectif de 90 % essentiel à la pérennité du Québec français : l’immigration francophone/francotrope et l’extension des clauses scolaires au collégial.
L’immigration temporaire en croissance relève du fédéral et les permis sont accordés sans aucune exigence de connaissance du français. Québec priorise la sélection de ses résidents permanents dans ce bassin.
D’autre part, à Montréal, la hausse des effectifs étudiants préuniversitaires a profité à 95 % aux cégeps anglais. Les cégeps de langue française peinent à maintenir la barre de 50 % de l’effectif total. Les demi-mesures de gel pour 10 ans ou de contingentement sont insuffisantes. En toute cohérence, le gouvernement doit décréter l’extension au niveau collégial des clauses scolaires de la loi 101.
La pratique du bilinguisme institutionnel se répand de plus en plus, particulièrement à Montréal. Bientôt, le français deviendra, affirme le gouvernement, « la norme dans toutes les relations de l’Administration, dont celles qu’elle entretient avec les personnes, les entreprises et les gouvernements ».
C’est, en ce qui nous concerne, la seule « révolution » dans ce projet de loi que le premier ministre voulait « raisonnable et modéré ». Il y aura bien sûr des exceptions concernant les Autochtones, la communauté anglophone qui représente un peu plus de 8 % de la population ainsi que les nouveaux arrivants, pour une période n’excédant pas six mois.
Tout le défi pour le gouvernement sera dans l’application de cette mesure qui rencontrera certainement de la résistance – c’est un euphémisme – sur le terrain.
Enfin, on le sait, notre destin francophone se joue sur la scène internationale, autant qu’à l’intérieur de nos frontières. Nous demandons au ministre d’ajouter des articles qui traiteront de la dimension internationale de nos intérêts nationaux en ce qui a trait à la langue française.