Projet de loi 11 : un accueil mitigé dans le milieu de la santé en Outaouais
Radio-Canada
Les propositions amenées par le projet de loi 11, qui visent à garantir un meilleur accès à un médecin de famille dans la province, ne font pas que des heureux dans la région de l’Outaouais. L’Association des médecins omnipraticiens de l’ouest du Québec (AMOOQ) voit d’un mauvais œil la façon dont le gouvernement veut s’y prendre.
Si on met la faute sur les médecins, ça crée de l’inquiétude et ça amène du désengagement sur le terrain, dit le Dr Guillaume Charbonneau, président de l’AMOOQAssociation des médecins omnipraticiens de l’ouest du Québec.
Il déplore l’approche comptable, dit-il, en affirmant que cela déshumanise les soins. Le nombre de patients par médecins, ajoute-t-il, peut varier selon plein de facteurs, notamment la gravité des cas traités.
Rappelons que le projet de loi 11, déposé à l’Assemblée nationale jeudi, propose plusieurs mesures pour faciliter la prise en charge des patients en attente d’un médecin de famille. Par exemple, le projet de loi prévoit l’implantation d’une nouvelle plateforme de prise de rendez-vous panquébécoise afin que les patients puissent, à terme, voir un médecin dans les 36 heures.
Le gouvernement n’indique pas vouloir imposer un nombre spécifique de patients pris en charge par les médecins de famille, mais souhaite que cette responsabilité revienne, à terme, aux groupes de médecine familiale (GMF) d'une région.
Dans le même sens, le ministre de la Santé Christian Dubé dit souhaiter que les présidents-directeurs généraux des centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSSCentre intégré de santé et de services sociaux ou CIUSSSCentre intégré universitaire de santé et de services sociaux) et les directeurs régionaux de médecine générale (DRMG) aient une information exacte sur la prise en charge de patients par des médecins de famille dans leur région, ce qu’ils n’ont pas en ce moment.
En Outaouais, en date du 12 octobre, 18,61 % de la population admissible, soit 70 579 personnes, n'avait toujours pas de médecin de famille.
Les médecins de famille, comme le gouvernement, sont conscients qu’il faut trouver une solution pour les patients qui n’ont pas de médecins de famille. On est tout à fait d’accord qu’il faut travailler à améliorer cette situation, mais l’approche qu’on préconise, c’est plutôt la collaboration, soutient le Dr Charbonneau, qui estime que l’approche législative n’est pas la bonne.
Selon lui, les médecins omnipraticiens collaborent pourtant avec le ministère de la Santé depuis plusieurs mois afin de proposer des idées pour répondre au manque d’accès aux médecins de famille. Le ministre est venu nous voir en juillet et puis, on a déposé des propositions, mais on n’a jamais eu de retour. Et là, on présente un projet de loi, s’indigne le Dr Charbonneau.