
Profilage racial à Montréal: «au mauvais endroit, au mauvais moment»
TVA Nouvelles
Un Montréalais qui estime être victime de profilage racial dans une arrestation bâclée a décidé de porter plainte à la Commission des droits de la personne.
«J’étais terrorisé! Quand t’as cinq voitures de police et une dizaine d’agents qui te foncent dessus pour te sortir de ta voiture, te menotter et te fouiller c’est terrifiant. Je n’ai pas dormi de la nuit après ça, parce que je cherchais des réponses et je n’en ai toujours pas eu aujourd’hui», raconte Jean Gardy Delva, un résident de Rivière-des-Prairies, à Montréal, et propriétaire d’un restaurant dans le quartier.
Le 1er octobre dernier, alors qu’il venait chercher ses deux enfants de 4 ans et 8 ans à leur cours de patinage, à l’aréna René-Masson, M. Delva s'est fait appréhender par plusieurs agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avec son beau-fils âgé de 17 ans.
«On n’osait pas parler, pas bouger, même pas pour prendre quelque chose dans nos poches parce qu’on sait comment ça peut rapidement mal tourner. Ça a été les 45 minutes les plus longues de ma vie», explique le père de famille de 36 ans.
Selon Raphaël Bergeron, relationniste pour le SPVM, le véhicule de M. Delva correspondait à la description d’une voiture volée trois jours plus tôt dans le quartier.
«Après vérification des identités, les deux personnes ont été relâchées», explique M. Bergeron, indiquant que les procédures d’appréhension de suspects dans le cadre de vol qualifié ont été respectées.
Le même soir, trois adolescents de 16 ans ont été arrêtés à Granby pour cette affaire.
Encore ébranlé par l’arrestation à tort de Mamadi Camara après l’agression d’un policier en janvier dernier ou par celle de George Floyd aux États-Unis, Jean Gardy Delva est persuadé que sans l’intervention de sa femme il aurait fini au poste de police, ou pire.
«Elle a supplié les policiers de nous relâcher, car nous étions innocents. Elle s’est mise à filmer et à prendre des photos de la scène. Les policiers ont alors dit à ma femme qu’elle entravait une enquête criminelle. À ce moment précis, j’ai ressenti une profonde injustice, de l’impuissance et je me sentais humilié», écrit M. Delva dans sa plainte, officiellement déposée à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) le 6 octobre.