Procès d’Harold LeBel : « Dans la peur, n’y a-t-il qu’une seule bonne manière de réagir? »
Radio-Canada
Les plaidoiries se sont conclues mercredi après-midi avec l’argumentation de la poursuite au septième jour du procès de l’ex-député de Rimouski Harold LeBel. Me Manon Gaudreault a ainsi rappelé au jury qu’il n’existe pas de « réaction prédéterminée, pareille pour tout le monde », lorsque quelqu’un est victime d’une agression sexuelle.
Pourquoi la plaignante est allée dormir chez Harold LeBel alors que ses frais d’hébergement pouvaient être payés par son employeur? Ils sont entre amis, ils veulent sauver des frais. [...] Pourquoi n’est-elle pas allée chercher son amie en sortant de la salle de bains? [...] Elle ignorait la configuration du condo et ne savait pas où était son amie. [...] Elle croyait que c’était terminé. Elle se trompait, mais elle croyait que c’était terminé, a énuméré Me Manon Gaudreault, qui représente le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) dans cette affaire.
L’avocate a ainsi mis les jurés en garde contre les idées préconçues, les préjugés, qui les mèneraient peut-être à se dire qu’une personne agressée aurait dû se comporter de telle ou telle manière.
Me Gaudreault a demandé au jury de se mettre à la place de la présumée victime. Elle est chez son ami, elle sait qu’il est plus fort qu’elle, son comportement [celui de l’accusé] a changé du tout au tout. [...] Elle a peur et elle est sous le choc.
« Est-ce qu’on se dit tout le temps que, dans la peur, on a fait les meilleurs choix? Ou est-ce qu’après, dans le calme, on se dit : "J’aurais dû faire autre chose"? »
Elle a demandé aux membres du jury s’ils comprenaient la situation de la présumée victime et si ses réactions avaient du sens dans le contexte avec les explications qu’elle leur a données. Vous a-t-elle paru sincère et honnête? S’est-elle contredite? A-t-elle tenté de vous cacher la vérité?
Revenant sur l’ensemble du témoignage de la plaignante, l’avocate a rappelé au jury à quel point celle-ci se sentait vulnérable et pétrifiée. Elle a évoqué la longue liste de motivations qui expliquent que la présumée victime a d’abord choisi de garder le silence, de faire comme si cet événement-là ne s’était jamais produit.
« Si elle parle, au final, qui sera pénalisé? »
Quant au texto qui aurait été envoyé par la plaignante à son amie lorsqu'elle était dans la salle de bains, Me Gaudreault a souligné que la présumée victime avait expliqué pourquoi elle n'était pas parvenue à le retrouver. Ses échanges de textos avec [l'autre témoin] étaient beaucoup plus nombreux qu'avec l'accusé : ils ne faisaient plus partie de la mémoire de son téléphone.