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Première historique d’une œuvre d’un compositeur noir au Met Opera de New York
Radio-Canada
Après un an et demi de rideau baissé à cause de la pandémie de COVID-19, le Metropolitan Opera de New York, dirigé par le Québécois Yannick Nézet-Séguin, a retrouvé le public lundi soir pour une première historique qui a retenti jusqu'à Harlem : une œuvre composée par un musicien noir, le trompettiste Terence Blanchard.
En 138 ans d'existence et malgré de remarquables compositrices et compositeurs afro-américains comme William Grant Still, la prestigieuse institution n'avait jamais mis à l'affiche un de leurs opéras, contrairement à d'autres scènes des États-Unis.
C'est chose faite depuis lundi, avec Fire Shut Up in My Bones, une œuvre contemporaine et flamboyante, aux accents jazz et blues, de Terence Blanchard, trompettiste renommé et célèbre pour avoir composé les bandes originales de nombreux films de Spike Lee.
Le livret, écrit par la cinéaste américaine Kasi Lemmons, est inspiré des mémoires de Charles Blow, un chroniqueur du New York Times qui raconte son passage à l'âge adulte en tant que garçon noir dans le sud des États-Unis, aux prises avec le racisme et le traumatisme d'une agression sexuelle perpétrée par un cousin durant son enfance.
Et pour l'occasion, l'œuvre, jouée, chantée et dansée dans l'antre habituel du Met Opera, au Lincoln Center, a aussi été diffusée sur un écran géant dans un amphithéâtre en plein air du parc Marcus Garvey, à Harlem, où l'entrée était gratuite.
Au bout de trois heures de représentation, conclues par des applaudissements nourris, Lara Rabkin, une créatrice âgée de 48 ans, en avait les larmes aux yeux.
C'était très puissant. C'est important qu'on parle plus des hommes exprimant leurs émotions, notamment les hommes noirs dans notre communauté, car il n'y a pas souvent de place pour parler de leurs traumatismes, de leurs blessures, et pour se soutenir plutôt que de renvoyer une image de dureté, a-t-elle expliqué, très émue.