Présumés « postes de police » : des dissidents chinois interpellent Ottawa
Radio-Canada
Jiaji Jiang est nerveux. C’est la première fois qu'il accorde une entrevue. Le jeune homme porte un complet pour l’occasion et sa voix tremble lorsqu’il parle de sa famille, qui vit toujours en Chine.
Je suis venu au Canada quand j’avais 15 ans, lorsque mon père est devenu un prisonnier politique, raconte le jeune homme aujourd’hui âgé de 27 ans.
Depuis, Jiaji n’a pas remis les pieds en Chine. Il travaille dans un entrepôt du Grand Toronto et parle de temps en temps à ses parents... en prenant soin d’éviter les sujets politiques.
Je ne sais pas à quel genre de conséquences ils pourraient s’exposer, explique-t-il.
Par souci pour sa famille, Jiaji Jiang a longtemps gardé ses opinions pour lui. Cependant, les récentes allégations d’ingérence chinoise en sol canadien l’ont poussé à prendre la parole. L’enquête de la GRC sur trois prétendus « postes de police » qui seraient gérés par Pékin dans le Grand Toronto l’a tout particulièrement secoué.
« Les Canadiens ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont [de vivre dans une démocratie]. »
J’ai terriblement peur que la vie que j’ai bâtie ici au Canada soit elle aussi détruite parce qu’ils sont en train de nous infiltrer, fait savoir le jeune homme.
Sheng Xue s'inquiète elle aussi de la machine de répression transnationale de Pékin. Établie au Canada depuis plus de 30 ans, cette dissidente est habituée à recevoir des menaces. Cependant, à l'instar de Jiaji Jiang, elle a été bouleversée par les allégations de postes de police chinois à l’étranger, notamment au Canada.
Quand j’ai appris la nouvelle, je me suis demandé où je devais fuir maintenant, déplore-t-elle. Il n’y a aucune façon de leur échapper.