Présidentielle française : deux visions antagoniques s’affrontent dimanche
Radio-Canada
La France se rend aux urnes ce dimanche 24 avril. Ce sera, soit pour accorder un second mandat de cinq ans au président Emmanuel Macron. Soit – ce qui serait un véritable séisme, au-delà des frontières du pays – pour élire une première femme présidente. Mais surtout, une femme associée à un parti classé depuis 50 ans à l’extrême droite du spectre politique français : Marine Le Pen, la fille du père fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen.
En présence : deux visions antagoniques de la France, de la politique, de la nation, voire de la démocratie.
Le Front national, rebaptisé en 2018 Rassemblement national (Rassemblement nationalRN), s’est certes recentré électoralement, sous la houlette de Marine Le Pen pour aller chercher de plus larges appuis. Des appuis qui, dans certains sondages, sont montés jusqu’à 48 % des intentions de vote au second tour. Mais une poussée qui serait, selon les derniers coups de sonde, en reflux avec un tassement dans les 44 % face au président sortant. Ce qui demeurerait un score sans précédent.
Mais le Rassemblement nationalRN, même avec un discours moins grinçant et des accents qu’on pourrait dire socialistes en matière d’économie, d’aide sociale et de redistribution, reste une formation populiste de droite qui met la nation au-dessus de tout. Un parti qui s’oppose à l’immigration, récuse le mondialisme des élites technocratiques, se montre méfiant face à l’Union européenne et veut modifier le régime politique par un recours fréquent aux référendums d’initiative populaire.
En face de Marine Le Pen : un président sortant, Emmanuel Macron, qui représente la foi optimiste dans l’ouverture sur le monde, le libre-échange, le rôle du marché, la souveraineté partagée dans un cadre européen. Selon Macron, cette élection est un référendum sur l’Europe.
Durant son débat du 20 avril face à Marine Le Pen, il a même utilisé l’expression controversée souveraineté européenne, parlant de la nécessité pour le Vieux Continent d’exister stratégiquement comme un pôle mondial entre les deux grandes puissances que sont la Chine et les États-Unis. Selon lui, des pays comme la France et l’Allemagne, au 21e siècle, doivent absolument s’unir s’ils veulent encore peser sur la scène mondiale.
Mais Emmanuel Macron, qui avait pu bénéficier en 2017 de l’effet de nouveauté – un président de moins de 40 ans! – porte en 2022 un bilan mitigé, avec des réformes inachevées, par exemple sur les retraites, un pays fatigué, déprimé et doutant de lui-même. Une France usée par la perte de prestige mondial, par des attentats terroristes à répétition, la montée de l’insécurité et de l’inquiétude économique. Sans oublier une pandémie qui, là-bas comme ici, a frappé très fort.
Le paysage politique à la veille de ce second tour présidentiel – qui sera suivi en juin par des élections législatives – est bouleversé.
Deux partis ont traditionnellement dominé la politique française sous la Cinquième République établie en 1958 : la droite de De Gaulle (devenue celle des présidents Chirac puis Sarkozy), une droite dite gaulliste ou républicaine. Et la gauche socialiste, encore au pouvoir de 2012 à 2017 avec François Hollande. Deux familles politiques aujourd’hui pulvérisées, avec des scores microscopiques le 10 avril : moins de 7 % combinés pour les candidates Valérie Pécresse et Anne Hidalgo.