Pourquoi un groupe d’orques s’en prend-il aux bateaux au large de la péninsule ibérique?
Radio-Canada
Des scientifiques internationaux tentent de comprendre pourquoi des orques frappent de plus en plus souvent la coque de bateaux au large des côtes espagnoles et portugaises depuis les trois dernières années.
Le 4 mai, par exemple, dans le détroit de Gibraltar, trois orques s’en sont prises au gouvernail d’un voilier, avant de heurter sa coque à plusieurs reprises, causant des dommages et mettant en péril l’embarcation et ses occupants.
Plus de 500 interactions entre orques et bateaux ont été observées depuis 2020, selon Jared Towers, le directeur de l’organisme Bay Cetology, qui étudie les populations d’épaulards résidents du Nord, près de l’île de Vancouver.
Selon Lyne Morissette, biologiste et spécialiste des mammifères marins, le stress constant causé par le trafic maritime et le bruit ambiant pourraient être à l’origine du comportement récent et inhabituel de cette population d'orques.
Gibraltar, c’est la pire place à être pour des épaulards. C’est un goulot d’étranglement entre l’océan atlantique et la Méditerranée, et tout ce qui doit entrer ou sortir en Méditerranée passe par là, déclare-t-elle.
La biologiste pense que les bateaux représentent non seulement une menace de collision pour les orques, mais aussi une menace de compétition pour les ressources de nourriture. Dans les deux cas, un bateau, ce n’est pas vu d’un bon œil par la population d’épaulards , ajoute Lyne Morissette.
Le professeur et directeur de la recherche sur les mammifères marins à l’Université de la Colombie-Britannique, Andrew Trites, ne croit pas à cette théorie.
Selon lui, le fait que ce soit des bateaux à voile qui suscitent l’intérêt des épaulards rend cette théorie peu probable. « Ces bateaux ne font presque pas de bruit et ne sont pas utilisés dans la pêche aux thons rouges », la nourriture de prédilection pour cette population d’orques.
Une autre théorie voudrait qu’une matriarche de cette population d’orques, nommée White Gladis, ait été blessée par un bateau dans le passé. Elle serait ensuite parvenue à entraîner d’autres orques dans son désir de vengeance.