Pourquoi Paris veut abandonner les gratte-ciels
Radio-Canada
Paris est plus connue pour ses immeubles haussmanniens que pour ses gratte-ciels. Pourtant, la dernière décennie a vu les tours se multiplier dans certains quartiers parisiens. C’est à cette densification verticale que la capitale dit maintenant non, pour des raisons surtout écologiques.
Contrairement à plusieurs villes nord-américaines, Paris n’a jamais été une capitale de gratte-ciel. Or, au tournant des années 2010, la capitale française commence à se laisser tenter par la hauteur – perçue comme un symbole de modernité.
Elles sont obsolètes, constate aujourd’hui Corine Faugeron. Le but, c’est que ce soit la fin des tours à Paris. L’élue parisienne nous rencontre à quelques pas du chantier de la tour Triangle : un immeuble de 44 étages, le dernier de la sorte à être autorisés dans Paris même.
La conseillère écologiste fait partie de ceux qui ont milité pour limiter la hauteur des bâtiments parisiens à 37 mètres – ce qui représente environ une dizaine d’étages. La mesure est passée dans le prochain projet de loi d’urbanisme de Paris. Une vraie victoire politique, se félicite-t-elle.
« Une tour, c’est tout le contraire de la modération de notre consommation énergétique. »
Si les écologistes s’opposent aux gratte-ciels, c’est d’abord pour des raisons environnementales. La construction, l’entretien et l’isolation de ces édifices – la plupart du temps en béton, en verre et en acier – nécessitent en effet une consommation complètement folle d'énergie, fait remarquer Corine Faugeron.
L’opposition de Patrice Maire aux tours ne date pas d’hier. Il milite au sein d’une association citoyenne qui veut préserver le caractère architectural de la Ville-Lumière. Le Parisien ne s’en cache pas, il n’a jamais aimé l’apparence des gratte-ciels. C’est une verrue dans le paysage, observe-t-il.
Son opposition aux tours a toutefois évolué dans les dernières années : de purement esthétique, elle est aussi devenue environnementale. On se rend de plus en plus compte que ce sont surtout des épaves thermiques. C’est complètement antiécologique, déplore-t-il.
Le doyen de la Faculté d’aménagement de l’Université de Montréal, Raphaël Fischler, voudrait que Montréal s’inspire de Paris. L’expert constate aussi l’impact environnemental très lourd des tours et ne croit pas qu’elles offrent le meilleur modèle de densification.