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Pourquoi la machine à propagande de Moscou n’est pas près de s’arrêter
Radio-Canada
En pleine guerre de l'information, le Kremlin fait marcher à toute vapeur sa machine à propagande pour convaincre sa population du bien-fondé de son offensive militaire en Ukraine. Exposés à ce genre de désinformation depuis des années, les Russes évoluent aujourd'hui dans une « réalité alternative », selon des experts.
Toute la rhétorique du régime de Vladimir Poutine – où le mot guerre est proscrit, au bénéfice d'opération militaire spéciale – est destinée au public russe pour justifier ce qui s'avère une guerre extrêmement horrible, résume Ian Garner, historien et spécialiste de la traduction de la propagande russe.
Par exemple à en croire le Kremlin, le massacre de Boutcha serait un monstrueux mensonge monté de toutes pièces pour accuser à tort l'armée russe. Les images de cadavres de civils dans les rues seraient en réalité une mise en scène orchestrée par l’Ukraine et l’Occident, dont la « machine à propagande » ne cesse d’alimenter « l’hystérie », pour reprendre les mots du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Moscou rejette ainsi les accusations selon lesquelles ses soldats, qui ont occupé la ville un mois avant de la quitter, sont les auteurs de ce charnier, malgré les images satellites et les témoignages de survivants de Boutcha qui ont mis à mal sa version.
Et ce déni des évidences n'est pas nouveau. À plusieurs reprises, Moscou a attribué ses attaques en Ukraine aux troupes du président Volodymyr Zelensky, ainsi accusé de tirer sur son propre peuple.
Une telle opération de désinformation n’a pas été lancée à l’aube de la guerre, souligne Ian Garner. La machine de propagande de l’État fonctionne à plein régime depuis une dizaine d’années, tant et si bien qu’elle pousse aujourd’hui une bonne partie de la population russe à accepter le meurtre de milliers d’Ukrainiens et à ne pas chercher à se révolter, explique l’historien.
En Russie, autorités et médias ont développé de concert un discours selon lequel un pouvoir nazi s’est installé à Kiev, dont il faut libérer les frères ukrainiens russophones.
S’il est vrai que l’armée ukrainienne compte dans ses rangs le régiment Azov, connu pour ses affinités avec l’extrême droite, Moscou a eu tendance à en amplifier l'importance et la portée, selon Arnaud Mercier, professeur en sciences de l'information et de la communication à l'Institut français de presse (Université Paris II).
Les images que nous voyons, ces dégâts dont nous savons que les Russes sont les auteurs, sont présentées [au peuple russe] ainsi : voyez, ce bataillon ultranationaliste nazi qu’est le bataillon Azov en est responsable, puisque ses membres ont martyrisé le peuple russophone ukrainien, explique M. Mercier.