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Pourquoi j’aime le français d’Amérique?
TVA Nouvelles
Pour moi, c’est une grande joie de pouvoir parler cette langue. J’ai bien dit le français d’Amérique, car ce n’est pas celui de l’Europe ou de l’Afrique, sans rien leur enlever. Le français dont je parle a été forgé sur ce territoire, par ce climat et son histoire, souvent difficiles. Il a des accents bretons, normands, basques, des emprunts autochtones, des anglicismes et plusieurs variantes selon les régions. C’est plus le français de la France médiévale que celui de la France des Lumières.
Grâce aux coureurs des bois et aux Canadiens français, le français s’est répandu partout dans la grande Amérique. On peut encore en voir les traces avec les nombreux toponymes francophones de lieux fondés par des Canadiens français, comme Detroit, Chicago, Milwaukee, Eaux Claires, la Baie Verte (Green Bay), la Petite Roche (Little Rock), Saint-Paul, de la Louisiane jusqu’en Alberta. Malheureusement, il n’y a presque plus de traces de ce passage, l’histoire ayant fait son travail, et les communautés francophones sont presque toutes en déclin aujourd’hui.
Les langues sont comme les fruits et légumes de la terre. Le grand jardin de l’humanité est beau dans sa diversité. On note l’intérêt des gens pour des tomates ancestrales difformes ou des carottes de toutes sortes de couleurs. Eh bien, le français québécois, pour moi, est justement un de ces fruits ancestraux. Un peu bizarre, un peu anormal, pas les couleurs et les saveurs auxquelles on s’attend, mais éminemment sucré.
Ça me fascine les slogans sur la diversité aujourd’hui. Pourtant, on assiste à une homogénéité jamais vue dans le monde avec la globalisation, particulièrement en Amérique du Nord. C’était rempli de langues autochtones et de langues métissées il n’y a même pas 100 ans. Une des plus fameuses est le mitchif, un mélange de cri et de français. Malheureusement, le bulldozer anglo-saxon y est passé et il ne reste que des vestiges de cette diversité originelle. Il ne reste presque plus qu’une sorte de tomate. Le français au Québec est un des derniers bastions non anecdotiques/folkloriques de ces langues et ayant une population exerçant un certain poids. La raison majeure que l’on parle encore cette langue est la revanche des berceaux. C’est grâce aux femmes qui avaient huit enfants en moyenne et un peu aux curés sans doute!
Mais bon, une langue, c’est une vision du monde, et je crois que nous avons une vision du monde unique, nous les Québécois, qui mérite d’être partagée, protégée et de rayonner. Je suis pour la permaculture des langues et des visions du monde! Je ne veux pas penser comme un Américain et j’y résisterai toute ma vie. Si vous aussi, vous ne voulez pas vous uniformiser, je vous invite à agir en conséquence. Ce serait très triste que l’on perde cet héritage de 400 ans.
Aussi, tout mon soutien aux Autochtones qui parlent encore leur langue et aux communautés francophones qui résistent!
Comme le Louisianais Jourdan Thibodeaux dit: «Tu vis ta culture ou tu tues ta culture.»