Pour freiner la pénurie, il faut prendre soin des enseignants
TVA Nouvelles
Dans notre société, la façon dont sont perçus les enseignants est très variable. Pour certains, ils sont des gens dévoués qui portent le réseau scolaire public à bout de bras. Pour d’autres, ils sont d’éternels « chiâleurs » syndiqués grassement payés. Si cette dernière hypothèse était vraie, on peut se demander alors pourquoi il n’y a pas plus d’individus qui veulent travailler dans nos écoles...
Dans les faits, on apprenait la semaine dernière qu’en 2022-2023, 7,7% des enseignants étaient en congé d’invalidité. Ce sont donc 10 761 profs qui étaient absents de nos classes. C’est presque deux fois plus que ce qu’on observe ailleurs dans le marché québécois du travail.
Il est vrai que les enseignants jouissent, depuis la signature de leur dernière convention collective, d’un meilleur salaire. Il s’agit là d’un rattrapage exigeant pour les finances publiques mais qui demande peu d’imagination ou de réflexion. On comprend qu’il reste cependant de nombreux progrès à accomplir si on veut attirer des candidats de choix dans nos écoles et surtout les garder en poste en santé.
Les motivations
Malheureusement, le ministère de l’Éducation ne dispose que de peu de données quant aux raisons motivant les profs qui quittent ce domaine ou qui prennent une retraite anticipée. On fait peu d’entrevues de départ de ceux qui démissionnent en cours de route. De même, on devrait s’interroger davantage sur les véritables motifs poussant les enseignants qui se placent en arrêt de travail.
Dans la plupart des cas, quand un enseignant a recours à un arrêt de travail, il le fait à ses frais en ne recevant que 70% de son salaire habituel. Celui-ci va rarement tenter de faire appel à la CNSST pour indiquer que ce sont ses conditions de travail qui causent sa détresse professionnelle. Ce dernier, déjà fragilisé, ne voudra pas affronter un processus ardu et où les contestations de l’employeur sont fréquentes.
Les centres de services scolaires n’ont aucune véritable pression pour changer cette situation. Depuis des années, ceux-ci ont pris la mauvaise habitude de lancer dans le champ miné de l’éducation des soldats et de les remplacer au fur et à mesure qu’ils tombent. Cette façon de faire a atteint ses limites. Actuellement, au lieu d’améliorer les conditions de travail des enseignants, le gouvernement de la CAQ a décidé de former plus rapidement une relève en espérant stopper cette hémorragie, mais il ne s’attaque pas au cœur du problème.
Les raisons
Il est admis que nos écoles sont souvent surpeuplées et vétustes, parfois même insalubres. La violence à l’égard des enseignants de la part des élèves et des parents est encore largement tolérée. Les campagnes de sensibilisation du ministère de l’Éducation pour contrer celle-ci ont peu d’effets mais donnent bonne conscience à nos décideurs. L’accompagnement des enseignants qui vivent des épisodes de détresse est aussi déficient.