Portapique : deux ans après le massacre, des questions sont toujours sans réponse
Radio-Canada
Deux ans après que son père a été abattu par un homme déguisé en agent, Charlene Bagley reste convaincue qu'il serait en vie aujourd'hui si la GRC de la Nouvelle-Écosse avait émis une alerte à l'échelle de la province au début du saccage du tueur.
Il vérifiait généralement les nouvelles sur Facebook, a déclaré Mme Bagley dans une récente entrevue, se remémorant le matin du 19 avril 2020 lorsque son père Tom a été assassiné. C'était sa routine matinale. Mais à ce moment-là, ils ne montraient pas le visage de l'agresseur ou quoi que ce soit.
La communication de la Gendarmerie royale du CanadaGRC avec le public pendant les 13 heures de liberté du tireur est devenue un point central pour la commission d'enquête sur la pire fusillade de masse de l'histoire moderne du Canada, qui a fait 22 morts les 18 et 19 avril 2020.
Après près de huit semaines d'audiences publiques, des questions clés demeurent quant à savoir comment et quand la Gendarmerie royale du CanadaGRC a partagé les informations, y compris la première nuit, lorsque le tireur a tué par balle 13 personnes dans la campagne de Portapique, en Nouvelle-Écosse, à environ 50 kilomètres au sud de la maison des Bagley.
L'enquête a appris que le 18 avril 2020, à 23 h 32, la Gendarmerie royale du CanadaGRC a utilisé Twitter pour conseiller aux résidents de Portapique de verrouiller leurs portes parce que la police enquêtait sur une plainte liée aux armes à feu.
Cette déclaration anodine offrait peu d'indices sur la tragédie qui se déroulait. À ce moment-là, les gendarmes présents sur les lieux savaient qu'un tireur actif avait déjà tué au moins deux personnes, en avait blessé une autre et avait incendié plusieurs maisons.
De plus, le suspect n'avait pas encore été retrouvé, les agents signalaient des coups de feu et des explosions, et une série d'appels au 911 indiquaient que le tueur conduisait un véhicule qui ressemblait à une voiture de patrouille de la Gendarmerie royale du CanadaGRC entièrement identifiée.
L'enquête a appris qu'au moins deux agents, Stuart Beselt et le sergent-chef Al Carroll, avaient suggéré que le public devrait être alerté de ce qui se passait. Mais ce n'est arrivé que le lendemain matin.
L'agent Beselt, le premier à arriver à Portapique à 21 h 25, a délivré le message suivant sur sa radio de police à 2 h 16, alors que la recherche du tueur se poursuivait: Y a-t-il une sorte d'émission d'urgence que nous pouvons faire (pour) obliger les gens à se rendre dans leur sous-sol et à ne pas sortir?