
Portapique : une première semaine d’audiences marquée par la méfiance et l’ingérence
Radio-Canada
Les plaies sont toujours vives dans la Nouvelle-Écosse rurale où 22 vies ont été arrachées en 2020 par un tireur déguisé en policier. Et alors que la commission d'enquête sur la pire tuerie de masse de l'histoire récente au Canada s'apprête à rendre publique la preuve qu'elle a recueillie sur cette cavale meurtrière, les proches des victimes doutent plus que jamais d'obtenir des réponses à leurs questions.
Les personnes touchées par le drame de Portapique attendent et redoutent cet instant depuis près de deux ans. Elles ont fondé beaucoup d'espoir sur la tenue d'une enquête publique indépendante (Nouvelle fenêtre) pour comprendre ce qui s'est passé et poursuivre leur deuil.
Leurs plaidoyers ont fait changer d'idée les gouvernements canadien et néo-écossais, qui avaient d'abord envisagé un examen interne moins rigoureux.
La Commission des pertes massives – c'est son nom officiel – a consulté quelque 40 000 documents obtenus par le biais d’injonctions et ses enquêteurs ont colligé une centaine de témoignages de proches des victimes, de survivants et de premiers intervenants, concernant 17 scènes de crime différentes.
Les responsables de l'enquête ont déjà prévenu les participants aux audiences publiques, qui ont commencé le 22 février à Halifax, que certains éléments de la preuve sont bouleversants.
La preuve [...] va être très dure à voir et à entendre, a mis en garde une porte-parole de la commission, Rachel Young.
« Il a des transcriptions d’appels au 9-1-1 et c’est vraiment, vraiment bouleversant. »
Dans la soirée du 18 avril 2020, un denturologiste de 51 ans de la région d’Halifax a tué 13 personnes à Portapique et mis le feu à plusieurs maisons y compris son propre chalet, avant d'échapper aux policiers. Il était lui-même vêtu d’un uniforme de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et conduisait une réplique d’une autopatrouille.
Lu tueur a enlevé la pris à neuf autres personnes le lendemain, dont une femme enceinte et une agente de la GRC, avant d’être abattu par la police dans une station-service au nord d'Halifax, au terme d’une cavale qui a duré 13 heures.