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Plus facile de se faire déloger que de se loger
TVA Nouvelles
En 2022, il est plus facile, au Québec, de se faire déloger que de se loger. L’accès au logement n’est plus un droit, car nous vivons une période où règne l’art de se faire déloger, une sorte de «Far West» du milieu immobilier locatif où règne la loi du plus fort. Les règles du marché ne tiennent plus sur la base traditionnelle de l’offre et de la demande. J’ai l’impression que nos gouvernements, dépassés par les événements, sont impuissants à contrer le déséquilibre actuel pour l’accès au logement abordable et social.
Le secteur de l’immobilier locatif est-il devenu le paradis des spéculateurs et de la discrimination? Tout semble, en apparence du moins, favoriser le profit à court terme de quelques individus et de sociétés immobilières au détriment des plus démunis. Les tactiques d’intimidation et de harcèlement sont devenues des pratiques courantes favorisant l’expulsion des locataires à faibles revenus par des «rénovictions» de personnes aînées ou vulnérables au profit de la location spéculative comme les Airbnb ou par la construction de tours à condos. À cela s’ajoute l’augmentation exagérée du coût des loyers voisinant parfois le triple de l’augmentation de l’inflation, à laquelle la Régie du logement et le Tribunal administratif du logement semblent impuissants à redonner un semblant de normalité.
La pénurie du logement abordable se passe dans un contexte de crise parfaite en considérant le manque de main-d’œuvre pour la construction de nouveaux logements, le besoin de rénovation du parc immobilier souvent laissé à l’abandon, la chicane entre les gouvernements provincial et fédéral pour l’octroi de fonds pour la construction de projets de logements abordables et, enfin, s’ajoute à cela la venue de milliers de nouveaux arrivants qui, malgré les embûches bureaucratiques de reconnaissance de leur statut et compétence, n’arrivent plus à se loger, surtout s’ils ont de nombreux enfants.
Le constat du chaos dans la crise du logement n’est plus à démontrer et je sais que les gouvernements ont mis en place divers programmes pour la construction de logements au cours des prochaines années. Quelques chiffres, 37 000 personnes sont en attente de logements sociaux au Québec et, à Montréal, 6000 logements abordables sont bloqués à cause d’un différend entre le gouvernement du Québec et celui d’Ottawa. Toujours à Montréal, 9000 logements ne sont accessibles que sur le site Airbnb. Pour combler l’absence chronique de logements et habitations au Québec, estimé par l’APCHQ à 100 000, je propose certaines mesures:
Premièrement, geler la transformation des logements en Airbnb dans toutes les municipalités qui ont un taux d’inoccupation de moins de 3% de logements disponibles. De plus, ajouter une surtaxe aux réservations Airbnb de 10%, en plus de la TPS et de la TVQ. Cette taxe serait versée dans un fonds dédié au logement abordable et social qui pourrait être géré par les municipalités.
Deuxièmement, créer un organisme à but non lucratif dont la mission serait de gérer des complexes d’habitation communautaires multigénérationnels favorisant la mixité sociale, comme c’est le cas à Québec avec le complexe d’habitation Vivre chez soi et le Domaine du parc Savard, deux réussites en innovation sociale.
Enfin, troisièmement, nationaliser les sites religieux fermés non classés (églises, presbytères, hôpitaux et écoles privés désaffectés) afin de créer une banque de terrains et d’édifices pouvant servir à la rénovation ou la création de logements abordables et sociaux.
Déloger les citoyens en quête d’un toit est devenu un fléau économique et social. Les gouvernements ont le devoir de mettre de l’ordre dans le marché locatif immobilier. Espérons que le sommet sur l’habitation organisé par les maires de Laval et de Longueuil le 26 août prochain permettra de débloquer des solutions, et ce, juste avant le lancement de la campagne électorale au Québec dont le scrutin est prévu pour le 3 octobre prochain.