Plus d’un demi-milliard investi par Québec pour lutter contre la violence armée
Radio-Canada
Le ministère de la Sécurité publique du Québec a multiplié les annonces d'initiatives destinées à contrer le fléau de la violence armée, surtout dans le Grand Montréal, depuis l'automne 2019. Montant total de la facture : 518,5 millions de dollars, dont 88,1 millions en provenance du fédéral, révèle une compilation réalisée par Radio-Canada.
Cet investissement massif du gouvernement du Québec a permis aux corps policiers du Grand Montréal de regrouper près de 400 membres des forces de l'ordre afin qu'ils s'investissent à temps plein dans la lutte contre la violence armée.
On les retrouve aujourd'hui au sein de 13 escouades et équipes spécialisées à la Sûreté du Québec (SQ), au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), au Service de police de Laval (SPL) et au Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL).
La répression coûte cher et elle va coûter de plus en plus cher. Le coût de la vie n’est pas le même que dans les années 1990. L’inflation, la complexité des enquêtes et l’acquisition de technologies pour se mettre au niveau des groupes criminels sont des éléments qui contribuent à l’augmentation des coûts, explique la criminologue et spécialiste du crime organisé Maria Mourani.
À titre de comparaison, la création de l'escouade Carcajou, dans les années 1990, pour mettre mettre fin à la guerre des motards, avait nécessité un investissement de 10 millions de dollars de la part du gouvernement du Québec afin de mobiliser 44 enquêteurs.
Il faut comprendre que Carcajou avait pour objectif de s'occuper de contrer la guerre des motards. Donc, les policiers avaient dans leur mire seulement deux groupes criminels. Actuellement, les escouades doivent faire face à une myriade de groupes criminels en tout genre : motards criminalisés, mafias, gangs de rue et même des trafiquants indépendants, explique Maria Mourani, qui a aussi été députée fédérale d'Ahuntsic, dans le nord de Montréal.
« L'écosystème criminel est beaucoup plus complexe qu'avant et il travaille en réseaux dont les ramifications se déploient à l'étranger. Les enquêtes sont plus complexes et le web n'arrange rien. À cela, vous devez ajouter les jeunes qui s'arment pour se protéger ou pour avoir l'air cool. L'évolution des technologies, comme les imprimantes 3D, le dark web, l'IA et les kits d'armes en tout genre, complexifie le marché de l'armement et ajoute un défi aux enquêtes. »
La violence armée au Québec est surtout concentrée dans la région métropolitaine de Montréal, où vivent 4,3 des 8,6 millions de Québécoises et de Québécois.
À l'exception du projet Malsain, qui regroupe 21 policiers de la Ville de Québec, l'ensemble des équipes et des escouades spécialisées se trouve donc là où se concentre la moitié de la population québécoise.