Permis de polluer au-delà des normes: des organismes déplorent un manque de transparence
Radio-Canada
Dix-neuf établissements industriels de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec détiennent une autorisation ministérielle leur permettant de dépasser certaines normes environnementales, tout comme la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda.
Selon les données rendues publiques par Radio-Canada, neuf de celles-ci se trouvent en Abitibi-Témiscamingue et dix dans le Nord-du-Québec. Six sont en arrêt de production, dont l’usine de papier journal Résolu à Amos. La liste comporte plusieurs mines, dont Canadian Malartic, Goldex et LaRonde, mais aussi l’usine de pâte Nordic Kraft à Lebel-sur-Quévillon et le complexe industriel de Rayonier Advanced Material à Témiscaming.
Autant au Regroupement Vigilance Mines de l’Abitibi-Témiscamingue (REVIMAT) qu’au Conseil régional de l’environnement de l'Abitibi-Témiscamingue (CREAT), on n’est pas surpris d’apprendre qu’il n’y a pas que la Fonderie Horne qui bénéficie de tels acquis.
On ignore toutefois ce que comportent ces autorisations ministérielles, autant au niveau des normes qui peuvent être dépassées et pour quel polluant, un manque de transparence que dénoncent les deux organismes.
Ce n’est pas public, et normalement, ça devrait être public depuis 2017. On devrait pouvoir aller voir les registres, on devrait pouvoir les consulter, c’est quoi les signatures qui ont été faites et les ententes, mais on ne les a pas encore. Ça fait juste cinq ans, et j’emploie ici un ton sarcastique, que ça devrait être fait et ce ne l’est toujours pas, déplore Marc Nantel, porte-parole du REVIMAT.
Ce qui est un peu désolant, c’est qu’on ne connaît pas le contenu de ces attestations ou de ces autorisations. Est-ce qu’elles sont légitimes? C’est difficile de répondre, il faudrait voir ce qu’elles contiennent. Nous, on connaît très bien celle de la Fonderie Horne, mais pour les autres entreprises, est-ce que c’est du même acabit? Il faudrait pouvoir les regarder, mentionne pour sa part Jacinthe Châteauvert, présidente du CREAT.
Les deux organismes souhaitent donc plus de transparence, mais aussi des consultations publiques dignes de ce nom quand vient le temps de renouveler les autorisations ministérielles.
Le processus peut vraiment être amélioré, devenir plus transparent. J’aime répéter que les gens veulent bien fonctionner avec les entreprises et bien les accueillir, mais il faut que ce soit un processus transparent lorsqu’elles sont dans un milieu et qu'elles produisent des contaminants, fait valoir Marc Nantel.
Toutes ces entreprises doivent avoir une consultation publique au renouvellement. Est-ce que c’est vraiment annoncé, publié, pour dire qu'on est en consultation publique pour le renouvellement de l’attestation? La consultation pour la Fonderie Horne en 2017, elle n’avait pas vraiment été publicisée. Nous, on y avait participé, mais on était les seuls, se souvient Jacinthe Châteauvert.