Permettre aux «Einstein» de devenir enseignants
TVA Nouvelles
Les pénuries ont du bon. En éducation, l’actuel manque de personnel nous fera peut-être enfin prendre conscience que depuis la réforme Chagnon de 1994, le Québec s’est cruellement privé, dans son système d’éducation, d’enseignants « qualifiés ».
Avant 1994, un certificat en pédagogie suffisait, si on avait des études préalables dans certains domaines donnés.
Ce papier donnait à un bachelier, un maître, voire un docteur en mathématiques, histoire, littérature, etc., l’accès au métier.
Après la réforme Chagnon, la voie exclusive vers l’enseignement est devenue le baccalauréat de quatre années en pédagogie (à temps partiel, six à huit ans !). À partir de ce moment, « Albert Einstein n’aurait plus eu le droit d’enseigner la physique dans nos écoles ! », se désolait le philosophe Jacques Dufresne.
Mais les pénuries d’enseignants, dans les trois dernières décennies, ont forcé les établissements à embaucher à pleine porte des enseignants prétendument « non légalement qualifiés ». À multiplier les « tolérances » d’enseignement.
Ils seraient aujourd’hui quelque 30 000, selon une étude présentée par Le Journal en fin de semaine.
L’ennui, c’est que, sur le plan disciplinaire, les enseignants « non légalement qualifiés » ont souvent beaucoup plus d’études que leurs collègues patentés ! Selon le rapport Beauchemin–Fahmy-Eid de 2014, la formation de ceux qui enseignent l’histoire au secondaire et sont issus du baccalauréat en pédagogie serait « grossièrement insuffisante » par rapport à celle d’un bachelier de la même discipline.
Le problème des pénuries n’est pas nouveau et le recours aux « non légalement qualifiés » non plus.
En 2005, La Presse titrait que le nombre d’enseignants sans permis avait augmenté de 523 % dans les écoles du Québec en quatre ans. On avait soudainement exigé des autorités scolaires qu’elles désignent comme « non légalement qualifiés » les enseignants à temps partiel qui ne détenaient pas le fameux baccalauréat de quatre ans.