
Perdre Mario, un documentaire entre quête et hommage à un ami disparu
Radio-Canada
Raconter Mario, son meilleur ami qui s’est enlevé la vie, et le désarroi de ses amis après ce drame, c’est l’ambition que le réalisateur Carl Leblanc porte dans son dernier documentaire Perdre Mario. Ce film est présenté sur Télé-Québec dans le cadre de la Semaine nationale de prévention du suicide. Il sortira au cinéma le 11 février.
Le titre de ce film aurait pu être "L'amour ne suffit pas" ou "L'amitié ne suffit pas", explique Carl Leblanc. C'est difficile à se l'avouer cette chose-là.
Narré par Luce Dufault et Robert Lalonde, Perdre Mario mêle images d’archives et segments d’animation pour évoquer Mario, qui a mis fin à ses jours quatre ans avant le tournage du film, ainsi que le deuil des gens avec qui il était ami.
Je voyais bien que le deuil était laborieux, malaisé, et je me suis dit : Quelle histoire est plus importante que ça?, raconte Carl Leblanc. Il n'y a pas de question philosophique plus importante que celle de savoir si la vie vaut la peine d'être vécue.
L’idée du documentaire a germé quand les frères de Mario ont envoyé à Carl Leblanc le journal de son défunt ami, retrouvé sur son ordinateur après sa mort. J'avais des sentiments mélangés : la joie à l'idée de retrouver Mario pendant 80 feuillets et puis évidemment la crainte, car je me doutais bien que ce ne serait pas un récit joyeux, et effectivement ça ne l’était pas.
Sans ses pages, Carl Leblanc n’aurait jamais réalisé son film. Dans le journal de Mario, ce qui m’a frappé c'était le sentiment d’avoir accès à quelque chose de rare : la mort en marche, une sorte de making-of du suicide.
Quand on parle du suicide de quelqu'un, on parle de l'avant et de l’après, mais rarement de ce dernier droit, dans lequel on est dans une solitude abyssale, la plupart du temps, voire presque toujours , ajoute-t-il.
Le réalisateur a donc vu dans ce journal un matériau pour l’aider à comprendre le suicide de Mario, mais pas seulement. Il y avait aussi de quoi nous aider tous, humains et humaines, à nous dépatouiller avec ce truc vertigineux qu’est la mort volontaire , ajoute-t-il.
Avec Perdre Mario, Carl Leblanc a voulu aussi faire revivre Mario, le Mario d’avant la dépression. Parmi les amis, certains m'ont dit au début: "Je ne veux pas participer, ce Mario-là ce n’est pas le Mario que j'ai connu, c'est le Mario de la fin", dit-il. Je n’aurais pas fait le film si je n'avais pas eu la conviction que j'allais pouvoir donner vie au Mario fou, voyageur, festif que j’ai connu.