Pensionnats : une députée néo-démocrate souhaite que la Chambre parle de génocide
Radio-Canada
Une députée néo-démocrate espère que tous ses collègues à la Chambre des communes reconnaîtront désormais le système des pensionnats pour Autochtones fédéraux comme un génocide, maintenant que le pape François a utilisé ce terme.
Leah Gazan, qui représente Winnipeg-Centre, avait tenté l'année dernière d'obtenir le consentement unanime de la Chambre pour faire pression sur le gouvernement canadien afin qu'il qualifie de génocide ce qui s'est déroulé dans les pensionnats fédéraux pour Autochtones.
Sa motion faisait référence à la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée en 1948.
Cette convention internationale définit le génocide comme le fait de tuer des membres d'un groupe, de causer de graves atteintes à leur intégrité physique ou mentale, de les soumettre intentionnellement à des conditions d'existence devant entraîner leur destruction physique totale ou partielle, d'imposer des mesures visant à empêcher les naissances, ou de transférer de force des enfants dans un autre groupe.
La députée Gazan avait plaidé à l'époque que la politique canadienne des pensionnats répondait à ces cinq critères. Mais certains députés ont dit non en Chambre, de sorte que sa motion, qui exigeait le consentement unanime pour être mise aux voix, n'a pas pu être soumise.
Faire en sorte que le vécu des survivants des pensionnats fasse continuellement l'objet d'un débat constitue un autre acte de violence, a estimé Mme Gazan dans une entrevue mardi. Nous devons en être conscients.
Le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, publié en 2015, qualifiait déjà ce qui s'est passé dans les pensionnats de génocide culturel, mais certains dirigeants autochtones ont depuis soutenu qu'il fallait parler de génocide, sans l'adjectif culturel.
Au cours de sa visite de six jours au Canada, la semaine dernière, le pape François s'est excusé à plusieurs reprises pour les sévices commis dans les pensionnats fédéraux. Mais ce n'est que dans l'avion qui le ramenait à Rome que le pape, interrogé à ce sujet par des journalistes, a parlé de génocide.
Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il n'avait pas prononcé ce mot en sol canadien, le pape a expliqué qu'il croyait que génocide était un terme technique.